Élargir l'assiette fiscale, poursuivre la rationalisation des dépenses publiques et soutenir les PME...Les recettes du FMI pour renforcer la résilience de l'économie marocaine ont été rappelées vendredi par Roberto Cardarelli, Chef de mission du Fonds monétaire international pour le Maroc lors d'une rencontre avec la presse.
Quant à la politique monétaire, Roberto Cardarelli a indiqué que le FMI "est favorable à l'orientation monétaire accommodante actuelle de Bank Al-Maghrib, surtout que les pressions inflationnistes restent maîtrisées...Il n y a pas besoin de normalisation très rapide et agressive, surtout si l'assainissement budgétaire est entamé de manière claire en 2022".
Sur le taux de change, Roberto Cardarelli conforte Bank Al-Maghrib dans ses interventions sur le marché de change, estimant que les pressions haussières sur le dirham sont transitoires. Mais, selon lui, cette situation offre l'occasion aux autorités d'accélérer vers le ciblage de l'inflation.
Le Maroc affiche le plus fort rebond économique de la région
La croissance économique au Maroc devrait s'établir autour de 3% en 2022 après 6,3% en 2021, a indiqué Roberto Cardarelli et ce, compte tenu de l'hypothèse d'une campagne agricole moyenne et d'une poursuite de la reprise des activités non agricoles.
Pour ce qui est du déficit courant, Cardarelli a relevé que celui-ci devrait revenir cette année, après avoir fortement baissé l'an dernier, à un niveau plus proche de celui d'avant la crise et se stabiliser à moyen terme autour de 3,5% du produit intérieur brut (PIB).
S'agissant des réserves de change du Royaume, le Chef de mission du FMI a relevé que celles-ci ressortent renforcées de la pandémie. "Bien que ces perspectives demeurent marquées par des incertitudes, liées notamment à l'évolution de la pandémie qui constitue la principale source de risque, des réformes structurelles efficaces et rapides devraient accélérer la croissance à moyen terme", a-t-il fait remarquer à cet effet.
Et de soutenir: "En 2021, et avec une réduction du déficit de près de 1% du PIB par rapport à l'année 2020, l'orientation de la politique budgétaire est restée expansionniste, caractérisée par un accroissement des dépenses courantes (dû à l'augmentation de la masse salariale et de la charge de la compensation), plus important que la progression des recettes fiscales qui a accompagné la reprise économique".
Cardarelli a fait aussi observer que le budget pour 2022 devrait connaître une légère réduction du déficit global en pourcentage du PIB. "Pour renforcer la résilience et disposer de plus grandes marges de manœuvre budgétaires afin de faire face à de futurs chocs, les autorités marocaines devraient réduire davantage le déficit budgétaire global, et rapprocher, à moyen terme, le ratio dette sur PIB de son niveau d’avant la pandémie", a-t-il dit. Pour y parvenir, les autorités devront élargir l'assiette fiscale et en accroître la progressivité, conformément aux principes énoncés dans la loi-cadre, et poursuivre les efforts de rationalisation et d'optimisation de la dépense publique, a suggéré Cardarelli.
Marché secondaire des créances en souffrance
Pour le FMI, l'augmentation significative des créances en souffrance dans le bilan des banques demande une attention particulière. Selon un membre du FMI lors de cette conférence de presse, plusieurs moyens peuvent être utilisés pour gérer ce portefeuille de créances en souffrance. "Il faut d'abord provisionner ce risque, puis le gérer et s'en défaire. Pour cela, les banques peuvent faire du recouvrement judiciaire, la radiation des créances en souffrance et, enfin, un marché secondaire des créances en souffrance. Ceci permettrait aux banques de créer suffisamment d'espaces dans leur portefeuille pour soutenir la demande de crédits et soutenir l'économie".
Pour le marché secondaire des créances en souffrance, le responsable du FMI a indiqué que le gouvernement et Bank Al-Maghrib travaillent sur la mise en place de ce marché. Mais un ensemble de sujets doivent êtres traités en amont, notamment sur le plan juridique et fiscal, concernant notamment le traitement de la moins-value.
Il reste également à trouver le moyen d'attirer des investisseurs sur ce marché et ce type d'opérations.