En effet, les banques centrales à travers le monde ont encore avancé dans leurs travaux sur d'éventuelles versions numériques de leurs monnaies, selon de la Banque des règlements internationaux (BRI). Dans une étude menée par la BRI auprès de 65 banques centrales dont le Maroc, il est indiqué que la majorité suivent avec intérêt les travaux conceptuels autour de la Monnaie digitale de banque centrale ou encore "Central bank digital currency" (CBDC).
La BRI relève que 86% des banques centrales (près de neuf banques centrales sur dix) avaient lancé des travaux pour évaluer les avantages et inconvénients d'une monnaie numérique de banque centrale (CBDC), c'est à dire d'une version digitale de leur propre devise, en 2020 contre 80% fin 2019 et 70% fin 2018.
Parallèlement, l'année 2020 a été marquée par d'importantes avancées, a noté la BRI, citant en particulier le projet de la banque centrale des Bahamas, dit projet Sand dollar (dollar de sable), qui a amorcé en octobre le déploiement progressif d'une version numérique de sa monnaie.
Si la majorité des travaux porte encore sur l'étude des concepts, le rapport a également noté une avancée dans les recherches des banques centrales qui passent progressivement des études de faisabilité à la mise en place de projets pilotes. 60% des Banques centrales menaient des travaux sur l'étude des concepts tandis que 14% avançaient vers la mise en place de projets pilotes.
Qu’en est-il de Bank Al-Maghrib?
Bank Al-Maghrib qui a toujours suivi d’un œil attentif les évolutions numériques mondiales, s’est inscrit dans cette lignée. En effet, un nouveau Comité institutionnel dédié à cette thématique vient de voir le jour au sein de la Banque, selon la MAP. Objectifs: identifier et analyser les apports, les bénéfices, ainsi que les risques d’une CBDC pour l’économie nationale; examiner en profondeur toutes les conséquences de la CBDC sur la politique monétaire, la structure de l’intermédiation bancaire, la stabilité financière et le cadre juridique.
En substance, ce Comité a pour rôle d'identifier et analyser les avantages, mais aussi les risques d’une CBDC pour l’économie marocaine. Ce comité se chargera également de coordonner avec les autorités nationales les mesures à entreprendre au regard de l’évolution de l’usage des crypto-actifs au niveau national et international.
Toutefois, BAM estime que "dans le contexte actuel, et compte tenu des différentes réformes engagées par Bank Al-Maghrib pour la promotion des moyens de paiement électroniques et la réduction du cash et dont les retombées ne peuvent être évaluées qu’à moyen terme, il serait prématuré d’envisager à court terme l’émission d’une monnaie digitale".
Prudence
D'ailleurs, 60% des banques centrales sondées par la BRI ont indiqué que la crise sanitaire n'avait pas changé leur priorité: elles privilégient la prudence dans le déploiement de ces projets de longue haleine. La majorité des banques centrales sont toutefois encore loin de lancer des versions numériques de leur monnaie.
La réflexion sur les monnaies de banques centrales s'était intensifiée avec les inquiétudes autour du projet dévoilé en 2018 par le géant américain Facebook, qui a toutefois depuis revu ses ambitions à la baisse. La récente flambée du bitcoin laisse en revanche les banques centrales de marbre, la plupart considérant les crypto-monnaies comme des produits de niche.
Au final, alors que l’utilisation du cash vole de record en record, ce n’est plus une question de “si” mais “quand” aurons-nous besoin d’une cryptomonnaie règlementée au Maroc?