Après les flambées des prix des matières premières en 2021, l'année 2022 s'annonce incertaine avec les tensions géopolitiques, notamment autour du gaz russe, les risques climatiques pour les produits agricoles, et la "certitude" d'une poursuite de la crise logistique des conteneurs, indique le rapport CyclOpe annuel des matières premières paru jeudi.
En 2021, à l'exception de la viande de porc en Europe et en Chine, l'ensemble des matières premières analysées quotidiennement par le CyclOpe, baromètre de référence sur les marchés mondiaux des matières premières, ont flambé.
L'an passé, la hausse moyenne de l'indicateur global du CyclOpe couvrant l'évolution de la moyenne des prix d'une quarantaine de matières premières stratégiques (de l'acier au zyrconium, en passant par aluminium, cacao, café, charbon, fer, gaz, laine, or, ou soja), était de 49 points.
Soit plus du double que ce que les analystes de CyclOpe eux-mêmes avaient prévu en début d'année (+19 points). Une hausse inégalée "depuis la crise financière de 2007", a indiqué à l'AFP Philippe Chalmin, professeur d'économie à l'université Dauphine à Paris, qui coordonne les travaux.
"Personne n'avait vu venir la crise énergétique actuelle, débutée par le gaz", qui a coïncidé avec une "grande panne logistique" mondiale et une flambée "d'un tiers" des prix agricoles et alimentaires mondiaux par rapport à 2020, a détaillé M. Chalmin.
Concernant la crise du fret maritime, le CyclOpe ne voit "aucun signe d'amélioration". "Au contraire, les goulots d'étranglement se renforcent avec l'expansion d'Omicron", notent ces analystes.
"Début janvier 2022, 11,5 millions de conteneurs étaient en attente dans les 13 plus importants ports de la planète", selon le rapport.
En 2021, les cours du pétrole ont "pansé leurs plaies" après la chute de 2020. Ceux du gaz ont "quadruplé en moyenne", ajoute le CyclOpe, même s'il n'existe pas d'indicateur unifié au plan mondial des prix du gaz.
Les explications sont d'abord climatiques: une sécheresse en Chine a affecté sa production hydroélectrique, l'Europe a manqué de vent pour sa production éolienne. Mais c'est surtout les tensions entre l'Europe et la Russie autour du gazoduc Nordstream II et l'augmentation des prix du GNL en Asie qui sont à l'origine de la flambée des prix du gaz, souligne le rapport.
Pour 2022, hors événement géopolitique ou climatique majeur, "et en prenant pour hypothèse un atterrissage en douceur de la crise du Covid", le CyclOpe s'attend à un retour à la normale, voire à des baisses de prix sur certains produits en raison notamment du ralentissement de la croissance chinoise. "Soit une année pleine d'incertitudes", a relevé Chalmin, et "un peu plus que les autres années".