Essoufflement de l’activité en Afrique, astreinte de l’ANRT, pressions sur la trésorerie,... BMCE Capital Global Research cite une série de contraintes qui pèsent sur la performance financière de l'opérateur historique dans une nouvelle note de recherche diffusée le 12 août. BKGR y revoit son cours cible à la baisse, le ramenant de 127 DH à 112,8 DH, soit un potentiel de baisse de plus de 5% par rapport aux niveaux actuels.
Bien que l'opérateur arrive à redresser la barre au Maroc - la baisse du chiffre d’affaires étant moins significative dans le Royaume qu’au S1 de l’année précédente - Le bureau de recherche note un essoufflement en Afrique avec des revenus des filiales en hausse timide de +0,4% atténués notamment par un effet de change négatif (variation de +1,6% à change constant) et de la baisse des terminaisons d’appel dans plusieurs pays subsahariens. Le segment Data Mobile demeure, en revanche, très dynamique (+29% à change constant) et compense en partie le ralentissement de la croissance de MOOV AFRICA.
Des indicateurs opérationnels plombés par une astreinte de l’ANRT
Au niveau purement opérationnel et en dépit des contraintes concurrentielles, le Groupe MAROC TELECOM parvient à renforcer son efficacité opérationnelle avec une marge EBITA ajusté Groupe et d’EBITDA ajusté Groupe en hausse de +1,3 pts à 32,7% et de +0,7 pt 52,2% respectivement grâce à une meilleure maîtrise des achats consommés et l’allègement des dotations aux amortissements. Néanmoins, l’opérateur historique a vu son EBITA publié s’effondrer de -40,8% à M MAD 3 287 suite au provisionnement intégral de l’astreinte de MAD 2,45 Md imposée par l’ANRT. Auparavant, MAROC TELECOM avait déjà subi une amende record de MAD 3,3 Md en 2020 liée à cette même affaire, rappelle BKGR.
Un niveau de distribution soutenu par l’endettement
Autre élément évoqué par BKGR : Le niveau de distribution d’IAM pourrait pâtir de l’astreinte imposée par le régulateur des télécommunications marocain et de son impact significatif sur le résultat net de la société.
En effet, le Groupe devrait, selon les anticipations de BKGR, être face à un dilemme, le contraignant soit à abaisser son payout en 2022, soit à recourir aux dettes de financement afin de préserver son statut de valeur de rendement.
"De notre point de vue, nous estimons que, selon toute vraisemblance, IAM devrait recourir à un niveau d’endettement plus élevé afin de couvrir le montant de l’astreinte (MAD 2,45 Md), rendue possible grâce à sa flexibilité financière pour maintenir son niveau de distribution sans compromettre son programme d’investissement à la veille du lancement des appels d’offres pour les licences de la 5G"., analyse BKGR.
Ainsi, le niveau de payout devrait augmenter aux alentours de 137% en 2022E , laissant apparaître un DPA prévisionnel de 5,00 DH contre MAD 4,78 en 2021. Rappelons qu’en 2019, consécutivement à l’amende de l’ANRT de MAD 3,3 Md, le payout de MAROC TELECOM est passé à 149%, contre 95% en 2018 et que son Gearing avait bondit de +38 points à près de 109%. Mais attention, un maintien de l’allègement de la dette de MAROC TELECOM n’est pas à écarter, ce qui pourrait induire une forte baisse dans la distribution de dividendes. Dans ce cas, l’opérateur devrait adopter un payout de juste milieu de 75%, ce qui correspond à un DPA de MAD 3,21 en 2022E pour un rendement de 2,7% (vs. 3,4% en 2021).
En matière de prévisions, BKGR anticipe Un CA consolidé en retrait de -2,5% en 2022, Une baisse de l’EBITDA Groupe moins prononcée que celle du chiffre d’affaires (-2% à MAD 18,2 Md) et une contraction du RNPG de -13,1% à MAD 5,2 Md compte tenu de l’impact de l’astreinte imposée par l’ANRT au S1 2022.