Le Masi a gagné 1,57% pour sa dernière séance de l'année 2018, porté par les derniers mouvements de marquages de cours et d'embellissements des gérants de portefeuilles. La volumétrie cumulée de la séance a dépassé les 3 Mds de dirhams (y compris les volumes de gré à gré).
L'année avait pourtant bien commencé. Le Masi, indice de toutes les valeurs, a démarré 2018 à 12.400 points pour gagner 1.000 points en ligne droite et rallier les 13.400 points. Confronté à cette barrière psychologique et à des valorisations injustifiées sur les grandes capitalisations, le marché a plafonné mi-janvier. Depuis, le smart money s'est contenté de soutenir les 12.100 points jusqu'à la fin de la période de résultats où plusieurs entreprises ont déçu. Les 12.100 points, comme le secteur immobilier, ont été à ce moment-là attaqués. L'effet psychologique du boycott, les dégagements des étrangers en plus du détachement des dividendes et de la baisse mécanique que cela induit ont accéléré le mouvement et provoqué un troisième trimestre catastrophique à la Bourse de Casablanca. Le manque de relais a empêché le boxeur Masi de se relever. Les résultats semestriels, eux, n’ont pas pu relancer ou du moins freiner la baisse. La masse bénéficiaire des composantes du Masi s’est dégradée de 3,6% à fin juin, contre une croissance de 8% enregistrée sur les comptes de l’année dernière. Il termine l'année sur une baisse de 8,27%, beaucoup plus proche de ses plus bas de 12 mois que de son niveau de début d'année. Depuis le plus haut de l'année, il perd 17%.
Rappelons aussi que les investisseurs étrangers ont quitté les marchés émergents et les Frontiers pour des raisons de couple rendement/risque, plus avantageux sur les produits de taux aux Etats-Unis. La Bourse de Casablanca a naturellement été affectée par ce mouvement de désengagement en milieu d’année. Maroc Telecom, Marsa Maroc, Attijariwafa bank, Cosumar, BMCE Bank, BCP ou encore Addoha étaient les principales valeurs vendues par les étrangers.
Cela sans compter des incertitudes au niveau macroéconomique : Ralentissement de la croissance économique, les dérapages budgétaires, les avertissements des agences de notations, le recul continu du financement à l’économie, et le poids des privatisations…Et d’autres crises sociales que l’Exécutif n’a su gérer.
Que retenir de la gestion collective en 2018 ?
Les fonds actions ont vu leur actif net sous gestion baissé de 10,21% à 31,82 Mds de DH, selon les dernières statistiques de l’AMMC datant du 14 décembre. Un mouvement expliqué par les rachats opérés et par la contreperformance qu’enregistre la catégorie actions (-6,88%, depuis janvier). A titre de comparaison, à la même date l’année dernière, l’actif net des OPCVM action progressait de plus de 35%. Les OPCVM CT et MLT enregistrent toutefois les plus fortes performances de l’année pour 2,47% et 2,58%. Rappelons que certains professionnels de la gestion ont estimé que les fonds obligataires allaient pâtir du risque inflationniste post-réforme de change. Il n’en est rien.
Seuls 6 secteurs sur les 24 listés terminent dans le vert. Là encore, plus de la moitié enregistrent des baisses supérieures à 10%.
Les thématiques qui ont fait "pschitt"
Mid Caps : Fin de cycle
En perte de vitesse depuis le début d’année, le parcours des Mid Caps n’est plus aussi reluisant qu’il ne l’était en 2016 et 2017. Snep, Jet Contractors et Alliances, qui ont traversé une grosse tempête, étaient revenues lors de ces années vers des rivages plus ensoleillés. Elles affichaient des gains respectifs de 240%, 133% et 131% sur le marché. Elles ont fait le bonheur des investisseurs, surtout des particuliers, même si elles se payaient un peu plus cher- l’intérêt d’y investir était de jouer un retour ou un départ rapide vers des marges bénéficiaires. Ces entreprises ont littéralement calé cette année. Pour les seuls dossiers cités en haut, les pertes ont avoisiné 28% pour Snep, 12% pour Jet Contractors et 58% pour Alliances.
Flexibilité de change : Pari perdu
Au côté des moyennes capitalisations, la thématique « régime de change » est l’une des perdantes cette année. Dès le démarrage du processus de la flexibilisation du Dirham, cette thématique a été très indiquée par les professionnels du marché. Elle englobait notamment les entreprises exportatrices et les producteurs marocains concurrencés par l’import. Pour la première catégorie, les opérateurs pariaient sur un glissement du Dirham, ce qui devait leur offrir un gain de compétitivité. On parlait principalement des minières qui, après une brève accélération, n’ont fait que dégringoler. A date d’aujourd’hui, le secteur perd 37%. SMI perd 52%, Managem 42% et CMT qui a le plus résisté en perd 17%. La deuxième catégorie, celle des entreprises qui souffrent de la concurrence internationale, n’a pas non plus marché. Snep (-27,82%) et Sonasid (-33,81%) ou même Med Paper (-36,93%) ont toutes chuté.
L’immobilier : Grand perdant de l’année
Le millésime 2018 restera dans les annales de la Bourse de Casablanca comme un très mauvais cru pour les immobilières. En cause : une lourde crise structurelle, un manque de visibilité pour les opérateurs avant l’échéance de 2020 et bien sûr d’autres considérations financières. Les 3 valeurs admises à la cote affichent une perte de 50% depuis le début d’année. Ce secteur est le grand perdant de l'année
Valeurs défensives : Parcours mitigé
En début d’année, certains analystes estimaient que le renchérissement des cours des titres en Bourse durant les 15 derniers mois, imposerait un réajustement vers des secteurs défensifs. Les valeurs de rendement résilientes ont ainsi été recommandées, pour les investisseurs en quête de «couverture». Parmi les 4 valeurs choisies, seule Maroc Telecom (+4,89) affiche un rendement positif au terme de l’année. A l’opposé, Taqa Morocco (-3,26%), Detla Holding (-9%) et BMCI (-15%) ont déçu. Cela dit, elles ont pu offrir "un moindre mal" aux investisseurs qui ont préféré miser sur ces titres.
HPS : Une techno qui ne plie pas !
A contre-courant de ces mauvaises progressions, seule HPS continue de faire bonne figure. On en parlait dans notre grand bilan de 2017 et elle s'impose à nous encore une fois cette année en affichant une hausse 54% en YTD et ne cesse d’actualiser ses sommets historiques. Au niveau fondamental, elle dégage depuis 3 ans des croissances à deux chiffres de ses résultats. Notons que depuis 2013, ce dossier progresse de 932% ! La société gagne des galons et réussit à s'imposer dans le marché hautement acrobatique de la tech mondiale. Le management ne s’en cache pas d’ailleurs : «notre vision est de faire de HPS une entreprise de classe mondiale dans l’industrie du paiement». Cette ambition est portée depuis des années par une stratégie de croissance durable, dont les clés de succès sont la diversification et la récurrence des revenus. On préfère terminer notre dernier article de l'année de 2018 sur cette bonne note !
Youssef Seddik