En raison du double choc — intérieur et extérieur — résultant de la crise de COVID-19, l'économie devrait connaître une profonde récession, sa première depuis 1995. L’assainissement des finances publiques a été interrompu compte tenu des pressions sur les dépenses et du ralentissement de l’activité économique. La réduction des envois de fonds, des activités touristiques et des IDE ainsi que la baisse significative des exportations ont une incidence négative sur la position des paiements extérieurs. La croissance devrait se redresser progressivement, quoiqu’une grande incertitude entoure le rythme et la durée de la reprise.
La période de perturbation et de confinement ayant été beaucoup plus longue (près de trois mois) au deuxième trimestre 2020, la production économique s’est considérablement contractée au deuxième trimestre 2020, reculant de 13,8 % par rapport à une augmentation de 0,1 % au premier trimestre 2020. S’agissant de l’offre, les industries manufacturières ont connu un recul notable de 6 % au premier semestre 2020 ; le secteur des services a aussi connu un recul considérable de 5 % au premier semestre 2020, entraînant ainsi une baisse de la croissance non agricole à -6,8 % pendant la même période. La banque centrale a abaissé son taux directeur de 75 points de base à 1,5 %, et augmenté le refinancement bancaire, qui passe de 5 % à 11 % du PIB. Parallèlement, le chômage s’est aggravé, passant de 8,1 % à 12,3 % au premier semestre 2020.
Le PIB réel devrait se contracter de 6,3 % en 2020, principalement en raison de la pandémie de COVID-19, mais aussi des effets de la mauvaise pluviométrie sur le secteur agricole.
S’agissant de la demande, à l’exception de la consommation publique, toutes les composantes de la demande globale devraient diminuer considérablement.
À moyen terme, la reprise économique sera probablement prolongée alors que la production agricole retrouve son taux de croissance historique et que le secteur non agricole se relève lentement dans le sillage d’un redémarrage progressif de l’activité.
Le redressement du secteur du tourisme pourrait être plus lent, car les préoccupations concernant les vagues ultérieures de Covid-19 et la diminution des revenus des ménages pourraient plomber la demande mondiale dans ce secteur.
Le Maroc prévoit de créer un fonds d’investissement stratégique (4 % du PIB) sous la forme d’une société anonyme pour soutenir le financement de la relance à court terme et l’investissement dans les infrastructures à moyen et long terme, écrit la Banque mondiale dans son rapport. Par ailleurs, le déficit du compte courant devrait se creuser à 9,9 % du PIB en 2020, avant de diminuer à moyen terme.
Le choc extérieur a entraîné une forte régression des importations, des exportations, des recettes touristiques et des envois de fonds. Bien que les importations (à l’exception des produits alimentaires) diminuent, cela ne compensera pas entièrement la baisse des exportations et des recettes touristiques.
Sur le plan budgétaire, les revenus seront inférieurs aux prévisions en 2020 et 2021, tandis que les dépenses devraient augmenter en 2020 en raison des dépenses supplémentaires liées aux mesures de riposte à la Covid-19.
En conséquence, le déficit budgétaire global s’élargira pour atteindre 7,6 % du PIB en 2020. La dette de l’administration centrale devrait monter à 78,9 % du PIB en 2022, avant de redescendre progressivement à 76,4 % d’ici 2025.
En 2020, l’extrême pauvreté (seuil de pauvreté international de 1,90 dollar en PPA) augmentera légèrement, mais restera en dessous de 1 %, tandis que la pauvreté mesurée avec un seuil de 3,2 dollars en PPA augmentera de 1 point de pourcentage en 2020 pour atteindre 6,2 %. La proportion de la population « susceptible » de se retrouver dans la pauvreté devrait augmenter en 2020, passant de 24,4 % à 27,5 % de la population totale. La pauvreté devrait diminuer en 2021 et 2022, mais à un rythme beaucoup plus lent que les années précédentes, et les indicateurs de pauvreté ne reviendront pas à la situation d’avant la Covid19 avant 2022. Cependant, l’augmentation prévue des dépenses sociales assortie d’un meilleur ciblage peut accélérer le rythme de réduction de la pauvreté.