L'Institut Marocain des Administrateurs (IMA) a publié, en partenariat avec Utopies, la seconde édition du baromètre des rapports ESG, émis conformément à la nouvelle circulaire de l'Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC) de juin 2019 relative aux opérations et informations financières.
L'objectif de ce baromètre n'est pas d'être prescriptif ni de prendre position sur des "bonnes pratiques", mais de dresser un état des lieux des pratiques de diffusion de l'information extra-financière (y compris celle qui n'est pas exigée par le régulateur) et d'appréhender leur degré d'appropriation par les entreprises, souligne l'IMA dans un communiqué.
Le baromètre a porté sur un panel de 90 émetteurs faisant appel public à l'épargne, précise la même source, citant les principaux résultats qui se dégagent des rapports ESG en 2020.
Ainsi, 93% des émetteurs du panel ont décrit leur stratégie en matière RSE dans leur rapport ESG (contre 88% en 2019) et 84% des émetteurs ont identifié et décrit leurs activités ayant un impact environnemental. A périmètre constant cette proportion passe de 56% en 2019 à 87% en 2020.
En outre, le baromètre révèle que 87% des émetteurs ont communiqué sur leurs parties prenantes (contre 78% en 2019) et que 64% des émetteurs ont communiqué sur l'impact de leurs investissements en matière d'infrastructures et de services publics (contre 40% en 2019).
Il indique aussi que près de 80% des émetteurs mentionnent les critères de sélection des parties prenantes, essentiellement des fournisseurs, une nette amélioration par rapport à 2019 (65%) à périmètre constant. Ce progrès est en partie dû à une mise en valeur du recours aux prestataires locaux comme critère de sélection, qui s'est particulièrement développé suite à la crise de covid-19.
Le baromètre fait également savoir que 77% des émetteurs ont communiqué sur la présence d'au moins un administrateur indépendant au sein de leur conseil. A périmètre constant, l'amélioration est significative par rapport à 2019 passant de 49% d'émetteurs ayant au moins un indépendant à 80% en 2020.
S'agissant de la présence des femmes, ce baromètre révèle que les trois quarts des émetteurs ont au moins une femme membre du conseil, contre près des deux tiers en 2019, à périmètre constant. La progression des mandats occupés par des femmes est significative passant de 13% en 2019 à 17% en 2020. Il s'agit de 88 femmes administrateurs sur les 659 sièges composant les conseils du panel des émetteurs en 2019 et de 120 femmes administrateurs sur 718 sièges en 2020.
De plus, le baromètre indique que 65% des émetteurs ont tenu au moins quatre réunions annuelles du conseil, contre la moitié en 2019.
"Les émetteurs sont plus attentifs à leur communication RSE au marché: par exemple parmi ceux ayant communiqué sur l'évaluation de leur conseil d'administration (qui constitue encore une minorité : 16%), le tiers a déclaré que la RSE faisait partie des questions examinées à l'ordre du jour par les conseils", a déclaré Lamia El Bouanani, directrice exécutive de l'IMA, citée par le communiqué.
Cette attention se manifeste également dans le souci de fournir des explications lorsque l'information n'est pas disponible dans le rapport ESG (selon le principe du "comply or explain"), a-t-elle fait remarquer, ajoutant que par exemple, un seul émetteur a eu recours à un vérificateur externe sur ses données extra-financières-une démarche volontaire- ; mais dix émetteurs (contre aucun en 2019) ont explicitement mentionné ne pas encore y avoir eu recours, en soulignant l'importance d'engager, dans le futur, une démarche d'assurance externe sur leurs données ESG.
Cette démarche est aujourd'hui rendue obligatoire par la nouvelle législation européenne sur le reporting des entreprises en matière de durabilité et elle pourrait s'imposer à terme aux fournisseurs des donneurs d'ordre européens, a noté Mme El Bouanani.
De son côté, Sofia Harouchi, Regional Manger d'Utopies au Maroc, a déclaré que l'impact de la pandémie du covid-19 sur la communication des informations ESG est palpable.
"En premier lieu : le développement local : les émetteurs mettent davantage en valeur le recours aux prestataires locaux, de même qu'ils communiquent de manière accrue sur les impacts économiques et sociaux de leurs activités sur les populations locales et le développement régional (82% en 2020 contre 69% en 2019). En second lieu l'environnement avec l'identification et la description des activités ayant un impact environnemental par 87% à périmètre constant (contre 56%). Enfin le contexte de pandémie peut expliquer en partie l'amélioration de la communication sur les indicateurs sociaux impactés par la crise (recrutements, départs, litiges sociaux et grèves)", a-t-elle expliqué.