L’agence New-yorkaise explique que la note du Maroc reflète un historique de politiques macroéconomiques saines et un cadre institutionnel qui a soutenu la résilience aux chocs, une composition favorable de la dette et un coussin de liquidité en devises confortable.
Fitch Ratings a maintenu la notation du Maroc à «BB+» avec une perspective stable. L’agence New-yorkaise explique que la note du Maroc reflète un historique de politiques macroéconomiques saines et un cadre institutionnel qui a soutenu la résilience aux chocs, une composition favorable de la dette et un coussin de liquidité en devises confortable.
Toutefois, estime Fitch, ceci est contrebalancé par la faiblesse des indicateurs de développement et de gouvernance, une dette publique élevée et un déficit budgétaire plus important que les pays comparables, ainsi que la volatilité de la production agricole.
«Nous prévoyons que la croissance du PIB se redressera en 2023 à 3%, soutenue par une meilleure production agricole. Les performances agricoles restent tributaires des conditions climatiques», indique l’agence.
En 2024, elle table sur une croissance de 3,2%, tirée par les secteurs industriels. Les risques à la baisse découlent de la forte inflation, du resserrement de la politique monétaire, du ralentissement chez les principaux partenaires commerciaux et des conditions météorologiques. Néanmoins, la mise en œuvre des principales réformes structurelles soutiendra l'investissement et la croissance économique.
Inflation élevée
L'inflation s'est calmée en mars à 8,2%, avec une inflation alimentaire à 16,1% en glissement annuel. Les prix non alimentaires ont également fléchi de 3% en glissement annuel contre 3,6% en février.
Depuis septembre 2022, Bank-Al-Maghrib a relevé son taux directeur de 150pb à 3%. « Nous prévoyons de nouvelles hausses des taux d'intérêt en 2023 », précise Fitch.
«Nous prévoyons aussi que l'inflation diminuera à 5% en 2023, en raison de la hausse des taux d'intérêt, de la baisse des prix mondiaux des matières premières et de l'atténuation des pénuries d'approvisionnement. Nous estimons que l'inflation tombera à 3,7 % en 2024, même si elle sera supérieure à la moyenne à moyen terme, car la suppression des subventions pourrait exercer des pressions sur les prix ».
Réduction du déficit budgétaire
Fitch prévoit que le déficit budgétaire passera de 5,1% du PIB en 2022 à 4,9% du PIB en 2023 et à 4,4% en 2024. Ceci grâce notamment au plan d'assainissement budgétaire du gouvernement prévoit une transition des subventions vers un système ciblé de transferts monétaires d'ici 2025, une réforme fiscale, l'harmonisation de la TVA, la financiarisation des actifs publics (financements innovants) et l'augmentation des dividendes des entreprises publiques.
En face, Fitch s’attend à une augmentation des dépenses de 4% du PIB d'ici 2025 pour l'amélioration de la santé, de la protection sociale et de l'éducation. En outre, des salaires plus élevés et de nouveaux investissements dans les infrastructures hydrauliques sont prévus, tandis que des coûts d'emprunt plus élevés feront augmenter la facture d'intérêts.
Dette élevée, structure favorable
« Nous prévoyons une augmentation de la dette publique en 2023 à 70,5% du PIB et 71,4% en 2024, contre 69,8% en 2022 alors que la dette des administrations publiques augmentera à 65,4% en 2024 contre 64,6% en 2022 », relève l’agence.
Cependant, la flexibilité du financement budgétaire est soutenue par l'accès à une large base d'investisseurs nationaux et un solide soutien des créanciers publics (71,1% de la dette extérieure). De plus, 76% de la dette publique était libellée en dirhams à fin 2022, réduisant les risques de change.
Position extérieure résiliente
Fitch prévoit que le déficit du compte courant passera de 3,4% du PIB en 2022 à 3,2% et 2,8% du PIB en 2023 et 2024, respectivement, reflétant une détente des prix des matières premières et une meilleure récolte réduisant les importations et la reprise du tourisme.
Elle estime que les exportations diminueront temporairement, à mesure que les prix du phosphate se modéreront et que le ralentissement de la zone euro pèsera sur les exportations industrielles. Cependant, les bonnes performances de l'automobile et du textile stimuleront les exportations en 2024.
Coussins de devises confortables
les réserves ont augmenté en 2023 en raison d'une émission d'euro-obligations (2,5 milliards de dollars) et nous nous attendons à ce qu'elles soient renforcées par un déficit du compte courant plus faible, un dollar américain plus faible et des IDE en hausse.
En avril 2023, le FMI a approuvé une LCM de 5 milliards de dollars (3,6% du PIB) sur deux ans, que les autorités devraient tirer si besoin il y a. Le LCM soutiendra la confiance des investisseurs et facilitera les futures émissions potentielles sur les marchés internationaux.