Dans une note publiée ce 19 juillet, l'agence de notation Fitch pointe du doigt les vulnérabilités de certaines banques marocaines. L'agence estime que les créances en souffrance sont sous-estimées. Le taux de créances en souffrance calculé par l'agence à fin 2016 de 9,7% devrait être en réalité de 12 à 14%.
Selon l'agence Fitch, bien que les banques affichent des capitaux propres suffisants par rapport aux exigences réglementaires, leurs marges de fonds propres sont minimes, ce qui les rend sensibles à la volatilité économique, notamment à cause de la faible qualité des actifs couplée à une prise de risque supérieure à la moyenne.
Le ratio de capitaux propres tangibles représente 10% des immobilisations corporelles pour les principales banques marocaines, un matelas de sécurité limité étant donné les profils de risque des banques, le risque de concentration et la sous-estimation éventuelle des prêts douteux, selon Fitch.
Les ratios Fitch Core Capital pondéré par les risques pour les banques classées ont été en moyenne de 12,6% à fin de 2016, mais les disparités sont importantes entre les banques. Des ratios faibles sont constatés chez Attijariwafa Bank (10,8%) et BMCE, 9,7%, ce qui met en évidence leur vulnérabilité à des chocs même modérés. Ceci peut même peser sur leurs notations selon Fitch et qui sont respectivement de 'bb-' et 'b+'. Les ratios de capital réglementaire total, soutenus par une dette subordonnée, donnent une image similaire, avec Attijariwafa (13,3%) et BMCE (12,3%) à peine au-dessus du minimum réglementaire de 12%.
"Nous estimons que les emprunts douteux représenteraient 12 à 14% des prêts sectoriels si nous devions inclure des déficiences sous-déclarées ainsi que des listes de surveillance, des prêts restructurés et saisis".
Des créances en souffrance sous-estimées
Fitch rappelle également que le taux de créances en souffrance est considérablement plus élevé au Maroc que sur les marchés développés. La moyenne des sept plus grandes banques marocaines était de 9,7% fin de 2016, dont un ratio de couverture de 70%. "Nous pensons que les pratiques de déclaration locales sous-estiment l'ampleur réelle de la faiblesse de la qualité des actifs", annonce Fitch. Société Générale et BMCI, qui suivent des politiques de classification plus prudentes imposées par leurs maisons-mères, ont enregistré des ratios significativement plus élevés de 14,6% et 12,7% respectivement. "Nous estimons que les emprunts douteux représenteraient 12 à 14% des prêts sectoriels si nous devions inclure des déficiences sous-déclarées ainsi que des listes de surveillance, des prêts restructurés et saisis".
"Les banques marocaines ont généralement un appétit au risque plus élevé que les banques que nous évaluons sur les marchés développés", annonce Fitch. Leurs normes de souscription peuvent devenir plus détendues car elles s'adaptent aux conditions du marché local lorsque les opportunités deviennent limitées et la concurrence s'intensifie. Les trois plus grandes banques du pays se développent dans d'autres marchés africains, ce qui implique une exposition à des obligations souveraines nationales évaluées de manière significativement inférieure aux obligations souveraines marocaines (BBB-) et aux environnements opérationnels les plus risqués, ce qui peut poser sur leur note de crédit.
Attijariwafa bank et BMCE bank sont des banques d'importance nationale et leurs évaluations par défaut de l'émetteur à long terme «BB +» sont influencées par notre point de vue sur le soutien probable de l'État marocain, si nécessaire. Les notes de CIH Bank reflètent notre point de vue sur le soutien probable, si nécessaire, de son propriétaire majoritaire, un important investisseur public axé sur le développement économique du Maroc. "Les cotes de Société générale et BMCI reflètent notre point de vue sur le soutien probable des propriétaires majoritaires, Societe Generale et BNP Paribas, si nécessaire", conclut la note.
Traduit depuis communiqué de presse de Fitch du 19 juillet