Sur les marchés, rien ne se perd, tout se transforme. Dès la clôture de l'opération d'amnistie sur le cash, les liquidités collectées alimentent déjà le circuit interbancaire et contribuent à atténuer les fortes tensions observées sur ce marché.
En effet, Bank Al-Maghrib doit injecter chaque semaine autour de 150 milliards de dirhams en moyenne pour maintenir l'équilibre. Cependant, la semaine dernière, les tensions ont quelque peu diminué. Bank Al-Maghrib a limité ses interventions à 144 milliards de dirhams, contre 156 milliards la semaine précédente. Ce montant englobe toutes les formes d'interventions, telles que les pensions livrées, les prêts garantis et les avances à 7 jours de la banque centrale. Cette dernière catégorie, les avances à 7 jours, est considérée comme l'indicateur principal sur la liquidité du marché interbancaire. Elles ont baissé à 53 milliards de dirhams, contre 60 milliards la semaine précédente. Il faut remonter à la période avril-mai 2024 pour retrouver des niveaux similaires.
En salle des marchés, les opérateurs font un lien direct entre cette détente et les résultats de l'amnistie sur le cash, au cours de laquelle plus de 127 milliards de dirhams ont été déclarés, dont près du tiers serait en cash.
Loin de combler le déficit de liquidités du secteur bancaire, cette opération permettra néanmoins de réduire les besoins de refinancement des banques en ce début 2025, contribuant ainsi à stabiliser partiellement le marché monétaire. Cette stabilité sera cependant provisoire, en attendant une meilleure visibilité sur l’érosion du cash dans l'économie.
Selon les prévisions de Bank Al-Maghrib, les besoins en liquidité bancaire continueront de se creuser, atteignant 164,6 milliards de dirhams en 2025 et 192,3 milliards en 2026. La banque centrale adopte une stratégie volontariste pour répondre à ces besoins, en injectant autant de liquidités que nécessaire, en fonction des demandes des banques, plafonnées par leurs stocks d’obligations du Trésor. Ce plafond de financement se situe entre 400 et 500 milliards de dirhams pour l'ensemble du marché, bien au-dessus des niveaux d'intervention actuels.
Outre le circuit interbancaire, et comme nous le signalions en décembre dernier, le cash collecté dans le cadre de l'amnistie devrait progressivement alimenter le marché des capitaux. Les banques orienteront probablement leurs clients vers des placements tels que l'Assurance Vie ou les OPCVM, qui contribueront à alimenter, en partie, le marché boursier.