Le Ministère de l’Industrie, de l’Investissement, du Commerce et de l’Economie Numérique a organisé, ce lundi 30 avril 2018 à Rabat, une audition publique dans le cadre de la procédure antidumping visant les importations de cahiers en provenance de Tunisie. Les industriels du secteurs réagissent à cette audition dans un communiqué que nous diffusons :
Dans le cadre de l’audition publique qui s’est tenue à Rabat ce 30 avril, la branche de production nationale de cahiers a eu l’occasion de rappeler qu’il était grand temps de faire cesser les pratiques très sévères de dumping des exportateurs tunisiens de cahiers sur le marché marocain et qu’elle userait de tous les moyens légaux pour restaurer les conditions d’une concurrence loyale sur son marché.
Dans le respect du contradictoire et des standards de l’OMC, les différentes parties à cette procédure ont pu présenter leurs arguments et échanger sur tous les points qu’elles jugeaient pertinents.
A ce titre, la branche de production nationale a insisté sur le fait que les importations tunisiennes de cahiers s’accaparaient près de 90% des importations totales de cahiers au Maroc, empêchant tout développement des autres importations,même de proximité géographique.
Elle a mis l’accent sur les tendances récentes très inquiétantes des importations tunisiennes de cahiers qui confirment une augmentation significative de ces dernières en 2017 à des niveaux jamais atteints. Ce flux d’importations originaires de Tunisie n’a fait que se renforcer puisque les dernières statistiques au 1er trimestre 2018traduisent le comportement actuel des exportateurs d’écouler massivement leurs produits sur le marché marocain et justifient le besoin d’imposer immédiatement des mesures antidumping pour stopper ce flux massif d’importations de cahiers originaires de Tunisie.
L’audition publique a également été un moment important pour faire comprendre que le marché marocain – et uniquement celui-ci - était la cible de pratiques prédatrices de la part des exportateurs tunisiens. En effet, une analyse des exportations tunisiennes de cahiers a permis de mettre en exergue que le marché marocain représentait plus de 80% du volume total des exportations tunisiennes de cahiers. De la même manière, il est frappant de constater que les prix moyens des exportations tunisiennes de cahiers vers le Maroc au cours de la période considérée sont systématiquement les plus bas, même en comparaison avec d’autres marchés de l’Afrique subsaharienne. Ainsi, il ne fait plus de doute que le marché marocain est victime d’une stratégie de dumping ciblé de la part des exportateurs tunisiens visant à évincer ce qui reste de l’industrie nationale.
En outre, la branche de production nationale a rappelé que les exportateurs tunisiens ne pouvaient raisonnablement continuer de défendre la position selon laquelle il n’existe pas de pratiques déloyales tunisiennes sur le marché marocain. A ce titre, elle a insisté sur l’impact de la subvention octroyée par le gouvernement tunisien sur la bobine pour la production de certains types de cahiers. Cette subvention – qui semble représenter, selon les meilleures informations publiques disponibles, environ 20% du coût de revient du cahier – dynamiserait l’industrie tunisienne de cahiers notamment à l’exportation puisque cette subvention lui permet d’exporter le surplus de production à des prix imbattables.
Enfin, la branche de production a expliqué de manière détaillée pourquoi ces importations tunisiennes ont causé – et causent toujours – un dommage. Elle a également rappelé que l’imposition d’une mesure était pleinement dans l’intérêt du consommateur marocain et d’un marché qui a besoin de retrouver les conditions d’une juste concurrence.
Si les exportations tunisiennes vers le Maroc ont procuré de larges bénéfices aux producteurs tunisiens au cours de ces dernières années, il convient maintenant de se demander si ces marges de profit acquises de manière déloyale doivent se faire au détriment d’une branche de production marocaine qui est compétitive et génératrice d’emplois sur le territoire du Royaume.
A ce titre, la branche de production nationale a rappelé que l’anti-dumping est avant tout un instrument technique et non politique, qui est la disposition des industries lorsqu’elles sont mises en périlpar des pratiques déloyales,et qui n’est activé que si les conditions de l’OMC sont remplies comme c’est le cas en l’espèce.