Ce constat est celui de Ahmed Rochd, directeur de la Recherche chez Valoris Securities qui intervenait dans un webinaire organisé par l’ Association professionnelle des sociétés de Bourse (APSB) et la Bourse de Casablanca cette semaine.
Le responsable rappelle la conjoncture traversée par le secteur du BTP actuellement : un contexte mondial marqué par l’accélération de l’inflation et une baisse de la demande. «A titre d’exemple, nous notons un taux de croissance des crédits immobiliers sur 12 mois glissants limité à 2,3% à fin avril 2022, contre 3,4% en février 2020 avant la crise». Et ce, malgré la baisse de l’indice des actifs immobiliers sur cette période rendant les prix plus abordables.
En parallèle, la dégradation de la conjoncture et le ralentissement de l’avancement des chantiers a pesé sur le niveau de consommation nationale en ciments avec une consommation mensuelle qui peine à franchir les 1,2 million de tonnes par mois depuis le début de l’année 2022.
Des relais de croissance à long terme
Ahmed Rochd cite quelques relais de croissance qui devront driver l’activité les années à venir. Il s’agit notamment du développement de l’axe Agadir-Dakhla et de manière plus générale la politique de relance de l’Etat qui devrait, comme dans le passé, être favorable au BTP. Selon l’analyste, l’Etat s’est toujours appuyé sur le secteur pour créer rapidement de la croissance et de l’emploi. On l’a vu après la crise des subprimes et après le printemps arabe. L’histoire devrait se répéter. D’ailleurs, fait-il remarquer, le taux d’exécution des investissements publics en 2022 atteint 34% à fin avril, soit un niveau quasi-similaire aux niveaux des années passées, ce qui traduit une politique volontariste des pouvoirs publics, malgré le contexte actuel.
Des anticipations disparates pour les sociétés du secteur
Pour Ahmed Rochd, les opérateurs cimentiers cotés (LafargeHolcim et Ciments du Maroc) devraient subir moins de pressions sur leurs ventes que le reste des opérateurs, en raison de leur présence au sud du Maroc. Cela dit, «Compte tenu du renchérissement du coût des intrants, nous anticipons une baisse de la marge d’EBIT de 4 points pour les opérateurs cimentiers, dont l’effet devrait être compensé partiellement par la hausse des prix à la vente».
Les autres valeurs opérant au sein du secteur BTP coté devraient connaître une dépréciation de leurs ventes en volume. «Cependant, l’augmentation rapide des prix des produits importés devrait permettre à ces entreprises d’améliorer leur niveau de marge». C’est notamment le cas pour Sonasid qui devrait profiter de la baisse de la marge de manœuvre des importateurs à cause de la hausse du prix de la billette.
Revenus et profits
Au final, Ahmed Rochd avertit cela dit les investisseurs : La hausse du chiffre d’affaires généralisée chez les entreprises du BTP n’est pas synonyme d’amélioration des profits, dans la mesure où la récente inflation pourrait bien se répercuter sur les ventes en volumes et sur les marges.
Selon lui, les acteurs les plus solides pourront profiter de la situation pour améliorer leurs parts de marché (Sonasid et TGCC notamment) pour être dans de bonnes dispositions à la reprise quand la demande repartira et l’inflation se dissipera