Depuis la hausse du taux directeur de BAM en septembre, le secteur bancaire a perdu 7% à la Bourse de Casablanca. Et compte tenu de son poids important dans l’indice général, il a fortement contribué à la glissade générale des cours.
En 2023, la politique monétaire restrictive, l'augmentation de l'imposition des banques et les risques liés à la survenance de contrôles fiscaux pourraient continuer à affecter négativement le secteur bancaire. Cependant, malgré cela, il existe toujours des opportunités intéressantes pour les acteurs du marché, notamment une augmentation prévue des crédits de trésorerie et une reprise des crédits d'investissement.
Le coût du risque devrait également continuer à se réduire en 2023 en raison de la reprise attendue des provisions forward-looking liée à l'amélioration prévue de la qualité du portefeuille de crédits du secteur, pronostique BKGR dans son dernier stock guide pour le mois de novembre.
Tour d’horizon des acteurs du secteur:
ATW est le leader sur le marché marocain, avec une part de marché de 24,8% en termes de dépôts et de 25,2% en termes de crédits. La banque dispose d'un niveau de fonds propres confortable avec un ratio de solvabilité consolidé de 13% et un ratio Tier 1 de 11,1%. Cependant, il y a des risques liés à la survenance de contrôles fiscaux qui peuvent affecter les résultats de la banque.
La Banque Centrale Populaire (BCP) dispose d’un statut de premier collecteur de l'épargne au Maroc, avec une part de marché de 31% sur le segment des particuliers. De plus, ses filiales à l'international ont connu une bonne performance au cours du premier semestre 2022, avec une hausse de 7% du PNB agrégé. Toutefois, la BCP fait face au poids du contrôle fiscal dénoué à l’amiable récemment et qui ampute sa capacité bénéficiaire de 1 milliard de dirhams. En outre, le taux du coût du risque de la BCP est historiquement élevé, avec un taux de 1,4% au premier semestre 2022 contre une moyenne sectorielle de 1,1%.
La BMCI, bien qu'elle bénéficie d'un bon positionnement sur l'activité corporate grâce à son adossement au Groupe BNP Paribas, est malheureusement limitée par une stratégie fortement dépendante de sa maison-mère et une absence de relais de croissance en dehors du marché local. De plus, selon BKGR, cette stratégie de développement passive a entraîné une stagnation de son activité ces dernières années, avec un taux de croissance annuel moyen de seulement 0,8% pour les crédits.
Crédit du Maroc (CDM) a des atouts et des défis importants. Parmi ses atouts, l'acquisition à la fin de 2022 par Holmarcom et AtlantaSanad de la participation de Crédit Agricole SA dans la banque, qui devrait permettre de nouveaux relais de croissance dans les domaines de la bancassurance et des métiers connexes. Cependant, CDM est confrontée à des défis importants tels que la possibilité de perdre des conditions avantageuses en termes de refinancement à l'international suite à la sortie de Crédit Agricole SA, ainsi qu'un poids important des investissements futurs dans les charges générales d'exploitation, qui devraient atteindre 1 Md de DH à horizon 2023.
CIH Bank, malgré ses atouts tels que son adossement au Groupe CDG et un bon positionnement de sa filiale participative Umnia Bank qui a réalisé près de 25% au S1 2022, est confrontée à des défis fondamentaux importants. Il y a notamment une baisse du ratio de solvabilité global au S1 2022 par rapport à l'année précédente (-0,9 pt sur base consolidée) et un ralentissement du rythme de croissance de l'activité commerciale au S1 2022, notamment en termes de collecte, comme le rapporte BKGR.
Rochdi Mokhliss.