Lundi 18 Mai 2020

BAM de plus en plus attendue sur le «Quantitative easing» et les opérations d’«open market»

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       Alors que le déficit budgétaire devrait atteindre des niveaux historiques cette année, banquiers et analystes financiers se prononcent de plus en plus pour la mise en place d'un assouplissement quantitatif de la part de Bank Al-Maghrib, permettant un meilleur financement de l'économie tout en maintenant les taux à des niveaux bas. La banque centrale va-t-elle suivre la tendance mondiale ? 

 

Pour les analystes de CFG Marchés, qui anticipent un déficit budgétaire de -81 Mds de dirhams cette année (soit -7,5%), la situation devrait être encore plus grave si le gouvernement venait à ne pas réaliser son programme de privatisations budgétisé cette année, à ne pas lever de fonds à travers les nouveaux mécanismes de financement, et venait à décider de poursuivre son programme d’investissement initialement prévu pour sécuriser la croissance économie future.

 

Si parallèlement à cela, les contributions au fonds spécial pour la gestion de la pandémie se révélaient insuffisantes pour financer les ambitions du gouvernement de soutenir la population et l’économie durant cette crise, alors il est concevable que le déficit budgétaire se détériore encore plus. 

 

Il est à noter que la croissance du PIB au Maroc est essentiellement tirée par la consommation des ménages et les dépenses publiques, les deux étant particulièrement interdépendants. "Ainsi, nous pensons que le gouvernement ne devrait pas réduire ses dépenses en 2020 en vue de soutenir la croissance économique future", prévoit la banque d'affaires dans une note de recherche fournie sur l’impact de la crise sanitaire sur les déficits jumeaux. 


 

 Un besoin de financement additionnel de 38,5 Mds de DH en 2020

Dans le but de financer le déficit budgétaire estimé sur la base des hypothèses de CFG, le gouvernement devrait lever 38,5 MrdDH supplémentaires (par rapport au niveau prévu dans la LF 2020), soit un total de 148 Mds, un niveau situé dans le haut de la fourchette des levées historiques sur les 5 dernières années. Ceci en supposant que seulement 11 MrdDH seront levés à l’international en 2020. 

 

"Ainsi, pour combler de déficit budgétaire, les adjudications de bons du trésor devraient s’établir à 137 MrdDH en 2020E , selon nos prévisions."
 

Le Quantitative easing pour éviter une remontée des taux

Selon les analystes, si le déficit budgétaire venait à s’établir à un niveau plus important que prévu et que le gouvernement venait à financer ce déficit entièrement par des adjudications sur le marché local, cela pourrait induire une remontée des taux à court terme.
 

"Afin de financer un déficit au moins 2 fois plus important que prévu et  se prémunir contre une éventuelle remontée des taux, la Banque Centrale pourrait intervenir à travers la mise en place de mesures monétaires dites « non-conventionnelles » notamment l’assouplissement quantitatif et les opérations d’open market". 

 

Ces opérations consisteraient en des rachats massifs par la Banque Centrale des titres de dettes aux acteurs financiers (banques commerciales, compagnies d’assurance, fonds de pensions, fonds de retraite etc.) sur les marchés secondaires notamment les bons du trésor ou les obligations d’entreprise, et dans certaines circonstances des titres adossés à des actifs comme des titres hypothécaires, permettant ainsi aux investisseurs institutionnels d’augmenter leurs souscriptions dans le marché primaire.


L’assouplissement quantitatif, sujet tabou pour certain mais répandu à travers le monde, est utilisé pour injecter des liquidités dans le système en vue de stimuler la croissance économique. "En effet, l’acquisition massive de la part de la Banque Centrale d’actifs financiers auprès des institutions financières sur le marché secondaire, induirait une augmentation des cours sur le marché obligataire et de facto une baisse mécanique des taux (ces deux étant négativement corrélés)", explique CFG Marchés.

 

 

Covid-19 : Quel impact sur nos réserves de changes 

 

CFG Bank prévoit un léger fléchissement (-6% par rapport à 2019) des réserves de changes en 2020. Cette baisse n’aura, selon les analystes de la banque, aucun impac  sur la valeur du Dirham à court terme.
 

"Sur la base de nos hypothèses, et des mesures prises par le gouvernement et la Banque Centrale notamment la décision de tirer 3,0 milliards de Dollars sur la ligne de précaution et de liquidité (LPL) du FMI (LPL), et de refinancer les 11 MrdDH d’Eurobond, qui arrivent à échéance fin 2020, par une nouvelle sortie à l’international de 11 MrdDH, les réserves de change devraient connaître une légère baisse (-16 MrdDH/-6%), clôturant l’année à 228 MrdDH versus 244 MrdDH à fin décembre 2019".

 


Toutefois, dans l’hypothèse ou le gouvernement parviendrait à lever à l’international l’intégralité des 31 MrdDH annoncés dans la LF 2020 (soit auprès des institutions financières internationales et/ou via l’émission d’une dette souveraine en devise), l’impact de la crise du COVID-19 sur le niveau des réserves de changes sera nul. 

 

"Dans cette configuration, les réserves de change devraient se maintenir quasiment au même niveau que décembre 2019. Tandis que nous écartons tout impact majeur sur les réserves de change en 2020".

En revanche, les répercussions de cette crise sur l’activité économique et les échanges extérieurs perdureraient au-delà de 2020 . "Nos réserves de changes pourraient pâtir en 2021E d’un plus fort rebond des importations par rapport aux exportations de biens et services", prévient CFG.

 

 En effet, les importations pourraient progressivement renouer avec les niveaux d’avant crise, dans le sillage d’un rebond du prix du baril à l’international. 

 

A.H

BAM

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