La courbe des taux continue de s'aplatir lentement au Maroc. Ce phénomène renseigne généralement sur la fin d'un cycle et agit sur les allocations entre les classes d'actifs.
Les taux d’intérêt à un an auraient progressé, en moyenne, de 5 points de base, alors que ceux à 5 ans et à 10 ans auraient reculé de 3 et 5 points, respectivement lors du trimestre écoulé. Cet aplatissement continue de la courbe des taux offre plusieurs informations aux investisseurs. La première concerne évidemment la prime de risque qui augmente à court terme et qui baisse pour des placements sans risque à long terme. Ce type de comportements montre qu'une partie des opérateurs sur ce marché anticipe une hausse des taux d'intérêts de la banque centrale. Une autre lecture, dite par "l'habitat préféré" et proche de la lecture par le prisme de la prime de risque, permet de conclure que pour placer leurs cash sur des produits de trésorerie à court terme, les investisseurs ont besoin de plus de sécurité, ce qui oblige le trésor à offrir de meilleurs rendements.
La théorie classique des taux interprète pour sa part un aplatissement des taux comme une fin de cycle économique et donc une récession ou du moins une faible croissance économique. Mais pour cela il faut d'abord que la courbe s'inverse et que les rendements à court terme deviennent plus élevés que les rendements long. Ce cas de figure n'est pas encore d'actualité à en croire l'évolution très lente des spreads. En effet, sur le marché primaire, l'écart entre les taux 52 semaines et le 5 ans est de 44 points de base à fin avril 2018. Il était de 48 points de base au dernier trimestre de 2017. Le mouvement est long. D'ailleurs, Bank Al-Maghrib estime que les "taux n'ont pas connu de variations significatives aussi bien sur le marché primaire que secondaire", durant le trimestre écoulé dans son dernier rapport sur la monnaie et le crédit.
Nette décélération des créances sur l’économie
C'est aussi un indicateur de croissance économique : Le privé ne reçoit que peu de crédits alors que les banques ont besoin de cash. Ce besoin de liquidité des banques se serait même accentué lors du trimestre écoulé et ce, malgré le redressement, que les observateurs qualifient de mécanique, des réserves internationales nettes. Ces dernières auraient augmenté de 8,2%, contre un repli de 5% un trimestre plus tôt. Elles profitent d'un effet de base. Parallèlement, le rythme de croissance des créances sur l’économie aurait continué de décélérer pour se situer à +2,3%, au lieu de +6,4% une année plus tôt. Ce ralentissement serait dû, particulièrement, à la poursuite du recul des crédits accordés à la trésorerie des entreprises, ce qui renseigne à son tour sur l'évolution de la prime de risque.
Les phénomènes sur les taux montrent des craintes sur la croissance parallèlement à un risque de renchérissement de l'argent. Des phénomènes qui corroborent et appuient parfaitement la thèse du repli sur les actions constatée actuellement.