Le marché actions a récemment atteint un plus haut historique au-dessus 15 000 points. Ce cap symbolique, longtemps attendu, ouvre un nouveau chapitre pour la Bourse de Casablanca. Dans ce contexte, African Financial Investment a réuni investisseurs et experts lors de la 2e édition du Salon de l’Épargne pour explorer les perspectives du marché marocain. Jérôme Boumengel et Tarik Amiar, associés gérants du cabinet, ont partagé leur lecture croisée en combinant indicateurs fondamentaux et signaux techniques. Retour sur une intervention riche en enseignements.
Le Masi, principal indice de la Bourse de Casablanca, a récemment franchi la barre des 15 000 points, un niveau historique qui témoigne d’un marché en ébullition. «Nous observons une cassure technique majeure, appuyée par des volumes que l’on n’avait pas vus depuis longtemps», a déclaré Tarik Amiar. Pour African Financial Investment, cette dynamique ouvre la voie à des objectifs ambitieux, avec un potentiel haussier vers les 18 000 points, selon des projections basées sur les extensions de Fibonacci.
Mais la prudence reste de mise. «Une respiration naturelle du marché est inévitable», a averti Amiar, soulignant que les prises de bénéfices pourraient ramener temporairement le MASI sur ses anciens niveaux de résistance, désormais transformés en supports.
Jérôme Boumengel a offert un décryptage des fondamentaux du marché marocain, insistant sur l’importance de la relation entre la capitalisation boursière et le PIB nominal. «À ce jour, l’écart entre ces deux variables reste modéré, excluant tout risque de surévaluation», a-t-il affirmé. L’indicateur phare présenté, le momentum du PIB nominal, croisé avec celui de la capitalisation boursière, révèle un marché correctement valorisé, soutenu par une économie marocaine en phase de reprise.
Les prévisions de bénéfices des entreprises marocaines, après une stagnation en 2023, affichent désormais des signaux positifs. Cette dynamique devrait renforcer la confiance des investisseurs à moyen terme. Boumengel a précisé : «Les marchés financiers ne réagissent pas aux bénéfices passés, mais à leur rythme de croissance. C’est ce momentum qui guide les décisions».
En complément des fondamentaux, l’analyse technique offre une lecture graphique essentielle. Tarik Amiar a illustré comment le MASI évolue dans un canal légèrement haussier depuis plusieurs années, marqué par des seuils techniques significatifs et des volumes croissants. «Le passage au-dessus des 15 000 points, avec des volumes élevés, est un signal majeur qui confirme l’intérêt croissant pour la place casablancaise», a-t-il expliqué.
Un autre point clé : la psychologie des investisseurs. L’exemple du titre Afric Gaz, dont les prévisions de bénéfices sont récemment passées en territoire positif, illustre l’importance de combiner signaux techniques et fondamentaux pour ajuster ses positions.
Pour Boumengel et Amiar, opposer analyse fondamentale et technique est une erreur stratégique. «La première explique le ‘pourquoi’ des mouvements de marché, tandis que la seconde s’attarde sur le ‘comment’», a résumé Boumengel. Cette complémentarité est particulièrement pertinente dans le contexte marocain, où les grandes capitalisations comme les banques et les télécoms jouent un rôle moteur.
À court terme, les conférenciers ont insisté sur l’importance d’adopter une approche tactique : les investisseurs orientés long terme devront anticiper les cycles d’expansion des bénéfices, tandis que les traders plus actifs doivent surveiller les signaux de consolidation.
Le marché actions se trouve à un carrefour stratégique. Si les indicateurs techniques et fondamentaux pointent vers une poursuite de la hausse, les intervenants ont rappelé que le marché reste sensible aux aléas externes, qu’ils soient géopolitiques ou macroéconomiques. Une attention particulière doit également être portée aux flux de liquidités, influencés par les politiques monétaires locales et internationales.
La Bourse de Casablanca n’est plus un marché secondaire : elle s’impose comme une plateforme où volumes et perspectives se rejoignent pour attirer investisseurs institutionnels et particuliers. En revanche, comme l’ont rappelé les experts, «le discernement reste clé dans un environnement aussi riche en opportunités qu’en incertitudes».
En définitive, cette conférence n’aura pas seulement permis de comprendre les mouvements actuels du MASI, mais aussi d’outiller les investisseurs pour décrypter ses prochains cycles.