Jeune Afrique vient de révèler le contenu de cette étude de 66 pages sur laquelle planchent les pays membres. Globalement, le Maroc est le bienvenu mais son adhésion à ce marché commun doit se faire d'une façon progressive.
L’analyse montre ainsi que si l’élargissement de la CEDEAO au Maroc peut potentiellement apporter de la valeur ajoutée à l’économie sous régionale, renforcer la stabilité de la sous- région ainsi que l’influence du bloc CEDEAO, il y a toutefois lieu de se pencher de près sur certaines implications négatives. Il s'agit par exemple de l'aspect industriel où, en raison de la différence de niveau de développement industriel entre le Maroc et les Etats membres actuels de la CEDEAO, il est nécessaire de mettre en place des mesures de mise à niveau pour les industries nationales dans les Etats membres.
Du point de vue juridique, trois scénarios, potentiels peuvent être formulés comme suit :
En cas de consensus au niveau du Sommet des Chefs d’État et de Gouvernement de la CEDEAO,un projet d’Acte additionnel relatif à l’adhésion du Royaume du Maroc à la CEDEAO doit être pris,sans qu’il soit nécessaire de recourir à la révision du Traité ;
Ce mécanisme de l’Acte additionnel permet aux Chefs d’État et de Gouvernement de la CEDEAOd’analyser au cas par cas les demandes d’adhésion des États tiers;
En cas d’acceptation de l’adhésion, les questions relatives à la Libre circulation des personnes et des biens, le droit de résidence et d’établissement, la monnaie unique, le TEC-CEDEAO ainsi que les aspects techniques de tout genre dans les futures relations entre la CEDEAO et le Maroc exigent un délai de transition.
Au plan macroéconomique, on retient que :
Le Maroc respecterait la plupart des critères de convergence si elle était actuellement membre de la Communauté ;
Les tendances passées et à venir n’indiquent aucun risque majeur sur l’économie marocaine;
Il y a aussi de signaux positifs indiquant que les efforts déployés au niveau sous régional en vue de l’établissement d’une monnaie unique ne seront pas négativement affectés par l’introduction d’une nouvelle monnaie dans la structure monétaire actuelle de l’Afrique de l’Ouest.
Sous l’angle commercial, les analyses indiquent que :
La structure tarifaire marocaine (17785 lignes tarifaires) est bien plus détaillée que celle de la CEDEAO(5899 lignes tarifaires), ce qui va nécessiter d’important efforts de préparations ;
La dépendance du Maroc vis-à-vis des pays de la CEDEAO comme source des importations a diminué au cours des deux dernières décennies. En dépit d’un net rebond à 334 millions de dollars en 2011 (le plus élevé durant la période considérée) ;
En termes d’échanges commerciaux, la CEDEAO est en moyenne significativement plus protectionniste à l’égard du Maroc que le Maroc ne l’est à son égard ;
En termes d’investissement direct, il peut être relevé que :
L’adhésion du Maroc à la CEDEAO pourrait entraîner un net renforcement des relationsd’investissement entre le Maroc et les États membres actuels de la Communauté ;
L’attractivité des investissements de la CEDEAO en général pourrait également s’accroître, de mêmeque celle du Maroc ;
Au plan agricole :
Le marché de l'élevage et des produits laitiers au Maroc semble offrir une opportunité lucrative pourle secteur de l'élevage dans les États membres actuels de la CEDEAO, en raison de tarifs d'importationrelativement bas. Cependant, il reste beaucoup à faire au niveau des pays de la CEDEAO pour queleurs exportations de produits d'élevage soient compétitives.
En ce qui concerne les produits laitiers, la part de la CEDEAO dans le marché marocain est insignifiante.Alors que les importations marocaines de produits laitiers atteignaient 286 millions de dollars en 2016,les exportations totales de produits laitiers de la CEDEAO y représentaient seulement 130 000 dollars,soit 0,05%. En conséquence, l’adhésion du Maroc, dans l’hypothèse d’une exonération douanièretotale pour le commerce intra-communautaire, y compris pour les produits laitiers, pourraittransformer son marché des produits laitiers en stimulateur du développement du secteur laitier en CEDEAO ;
Au niveau du secteur industriel :
En raison de la différence de niveau de développement industriel entre le Maroc et les Etats membresactuels de la CEDEAO, il est nécessaire de mettre en place des mesures de mise à niveau pour lesindustries nationales dans les Etats membres.
Voir l'Etude d'impact révélée par Jeune Afrique.