Une pause dans les hausses ? Les responsables de la Fed se réunissent cette semaine, et pourraient, pour la première fois depuis mars 2022, ne pas relever le taux directeur afin d'éviter de provoquer une récession, malgré une inflation toujours forte.
"Je pense que nous verrons une pause la semaine prochaine", a indiqué à l'AFP Lydia Boussour, économiste pour EY, estimant qu'il y a "suffisamment de soutien" pour cela parmi les membres du comité de politique monétaire (FOMC), instance de décision de la Fed.
Cela "permettrait d'observer plus de données avant de prendre des décisions sur l'ampleur" des hausses encore nécessaires, a ainsi récemment expliqué Philip Jefferson, l'un des gouverneurs de la Fed, et futur vice-président si le Sénat confirme sa nomination.
Depuis mars 2022 en effet, le taux directeur de la Fed a été relevé de 5 points de pourcentage, pour s'établir désormais dans la fourchette de 5,00 à 5,25%.
Cela conduit les banques à relever le coût des crédits qu'elles proposent aux ménages et aux entreprises, afin de décourager la consommation et l'investissement, et, in fine, de desserrer la pression sur les prix.
Après dix hausses d'affilée, les responsables de la puissante Réserve fédérale américaine, qui se réunissent mardi et mercredi, veulent désormais prendre le temps d'observer les effets sur l'économie réelle. Et, surtout, éviter de provoquer une récession.
D'autant plus que la crise bancaire du printemps a rendu les banques plus frileuses sur les prêts, ce qui agit comme une hausse des taux.
Par conséquent, plus des deux tiers des acteurs du marché prévoient désormais une pause, selon l'évaluation de CME Group.
La décision de la Fed sera annoncée mercredi à 14H00 (18H00 GMT) dans un communiqué. Le président de l'institution Jerome Powell tiendra ensuite une conférence de presse.
Les débats au sein du comité s'annoncent, quoiqu'il en soit, virulents: "il est peu probable que le vote en faveur d'une pause soit unanime avec quelques +faucons+ (favorables à une politique monétaire plus restrictive, NDLR) susceptibles d'être en désaccord", avance Gregory Daco, chef économiste pour EY.
Car l'économie américaine résiste bien mieux que prévu, et se montre encore trop vigoureuse pour que les prix cessent durablement de flamber.
L'inflation est d'ailleurs repartie à la hausse en avril, selon l'indice PCE, privilégié par la Fed, à 4,4% sur un an. Et la publication d'une autre mesure, l'indice CPI, mardi, au premier jour de la réunion de la Fed, pourrait faire pencher la balance d'un côté ou de l'autre.
Sur le marché du travail, les pénuries de main d'oeuvre perdurent, bien que la situation s'améliore.
Les créations d'emplois en mai ont été bien plus fortes que prévu, mais le taux de chômage a grimpé plus que prévu, à 3,7%. Et les inscriptions hebdomadaires au chômage étaient début juin au plus haut depuis octobre 2021.
Mais une pause ne signifierait pas pour autant que le travail est fini. Les responsables de la Fed, ainsi, "transmettront le message qu'il ne s'agit pas de la fin du cycle de resserrement", souligne encore Lydia Boussour.
Une nouvelle hausse des taux dès la réunion suivante, fin juillet, est donc "sur la table", selon elle.
Le comité de politique monétaire actualisera par ailleurs ses prévisions en matière de croissance du produit intérieur brut (PIB), de chômage, d'inflation.
Et dira jusqu'où les taux pourraient grimper.
Diane Swonk, cheffe économiste pour KPMG, s'attend ainsi "à ce que la Fed révise sa trajectoire de hausse des taux d'intérêt", et anticipe "des taux plus élevés pour encore plus longtemps".