Aujourd'hui, près de 10 milliards de dirhams d’actions figurent dans les portefeuilles des fonds obligataires, un niveau historique. Et pour cause, les gérants se laissent séduire par les actions dans un contexte de taux bas et de visibilité favorable sur les valeurs cotées.
On dit souvent que la faiblesse des taux pousse les investisseurs à arbitrer au profit des actions, au détriment des obligations. Souvent perçue comme une idée théorique, cette mécanique est bien réelle. Les statistiques montrent en effet que près de 2% des actifs des fonds obligataires marocains sont composés de titres actions. Si la proportion peut sembler modeste, son poids en valeur est inédit et traduit une mutation progressive des pratiques de gestion. Car l’on parle de 10 milliards de dirhams dans un actif global de près de 520 milliards de dirhams détenus par ces fonds obligataires.
Cette bascule tient avant tout à la recherche d’un rendement meilleur que celui offert par les produits de taux. « Les actions des banques offrent un rendement dividende supérieur à celui des Bons du Trésor, tout en affichant des fondamentaux solides et des valorisations raisonnables », explique à titre d’exemple un gérant taux. Ainsi, pour compenser la baisse structurelle des rendements obligataires, nombre de gérants ont adopté une stratégie active, intégrant ces titres solides à leurs portefeuilles. Les gérants obligataires parviennent ainsi à capter une part intéressante de la dynamique boursière sans renier leur profil de risque. Certains affichent ainsi jusqu’à 10% de performance depuis le début de l’année, et davantage encore sur une base glissante de douze mois. De quoi satisfaire une clientèle institutionnelle exigeante, mais aussi un nombre croissant de particuliers porteurs de parts d’OPCVM.
Sans surprise, ces gérants privilégient les grandes capitalisations les plus liquides et dotées de fondamentaux solides. Banques, télécoms, cimentiers, grands acteurs du BTP ou encore opérateurs portuaires sont souvent cités. Des titres qui, tout en offrant la liquidité nécessaire à ce style de gestion, permettent de générer des performances à deux chiffres.