Intervenant lors de la première conférence de la 5ème édition du Cycle de webinaires annuel sur les résultats et perspectives des sociétés cotées, organisé par la Bourse de Casablanca et l’Association Professionnelle des Sociétés de Bourse (APSB), Dounia Filali, Directrice Equity & Market chez BMCE Capital Global Research, a dressé un tableau de la santé économique du Royaume. Selon l'experte, malgré une résilience notable face aux crises successives, les projections de croissance pour 2024 restent prudentes, oscillant entre 2,1 % et 3,5 % selon les estimations des différents organismes qui publient des prévisions économiques. Ce ralentissement est principalement attribuable à une contraction significative de la valeur ajoutée agricole, conséquence directe des conditions pluviométriques défavorables prévues pour l'année.
Ainsi, le ralentissement de l'activité économique anticipé pour 2024 est en grande partie dû à une hypothèse de récolte céréalière limitée à 27 millions de quintaux. Le déficit budgétaire devrait, pour sa part, se stabiliser en 2024, principalement grâce à une augmentation des recettes fiscales et à une réduction des dépenses de compensation. Selon la Banque Centrale, cette stabilisation pourrait amener le déficit à -4 % du PIB en 2025. Par ailleurs, S&P Global Rating a récemment amélioré la perspective du Maroc de « stable » à « positive », tout en maintenant la notation BB+, reflétant ainsi une confiance accrue dans la gestion macroéconomique du pays.
Sur le front du commerce extérieur, une baisse des importations de -4 % a été enregistrée à fin mars 2024, principalement due à une diminution de la facture énergétique. En parallèle, les exportations ont progressé de +3 % pour atteindre 113,6 milliards de dirhams, portées par la performance du secteur automobile et la reprise des exportations de phosphates. Ces développements contribuent à maintenir les réserves de change à un niveau confortable, favorisant ainsi une meilleure résilience économique.
Dounia Filali a invité le public à sortir la tête du guidon et à regarder les accomplissements de notre économie sur un horizon plus long. Selon elle, l'économie marocaine a connu une transformation structurelle significative au cours des dernières décennies. Les exportations de biens et services ont considérablement évolué, avec une diversification notable des secteurs exportateurs. En 2023, l'industrie automobile représentait 33 % des exportations, suivie de l'agriculture et de l'agro-industrie (19 %) et des phosphates et dérivés (18 %). Cette diversification est le fruit de politiques industrielles stratégiques, telles que le Plan d'Accélération Industrielle et le Pacte National d'Émergence Industrielle, qui visent à renforcer la compétitivité et à stimuler l'innovation.
Pour soutenir une croissance économique harmonieuse et durable, le Maroc mise sur des projets d'envergure et des réformes profondes avec l'échéance 2030 en trame de fond. Les infrastructures sportives, les projets liés à l'habitat, les infrastructures de transport, touristiques, hydrauliques et industrielles constituent des axes majeurs de développement. Ces projets, estimés entre 100 et 150 milliards USD à l'horizon 2030 par BKGR, devraient être financés par l'État, la coopération internationale et des financements privés.
Selon Dounia Filali, cela ne devrait pas provoquer de pressions sur les taux obligataires étant donné, d'une part, les délais de réalisation étalés sur plusieurs années et, d'autre part, le mix de financement choisi qui devrait soulager le trésor en faisant contribuer le privé et les partenaires internationaux. Ces projets devraient permettre à la croissance du Maroc de s'améliorer au cours des prochaines années pour atteindre 6 % à l'horizon 2035.