Mardi 20 Juin 2023

Jour J pour Abdellatif Jouahri qui marche sur des œufs

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Les marchés sont à quelques heures d’un Conseil de BAM hautement politique ce mardi. Le consensus table sur une hausse de 25 points de base du taux directeur. Mais c’est surtout la rhétorique de Abdellatif Jouahri qui sera particulièrement scrutée.

Le conseil de BAM de juin devrait en toute logique marquer le zénith de la politique restrictive de la Banque centrale entamée il y a 9 mois, et laisser entrevoir au moins une accalmie dans le cycle de resserrement le plus important du millénaire. Au pire une pause, au mieux un virage.  C'est ce qu'espère la communauté des affaires et le gouvernement Akhannouch, lui-même grand perdant de cette orientation. 

Car, après une belle reprise économique en 2021 à la sortie de la pandémie, le nouveau gouvernement a vite dû ressortir le chéquier pour faire face aux conséquences de la crise en Ukraine et ses impacts sur le budget de compensation et la consommation des ménages. L’Etat a emprunté de manière importante pendant les 12 derniers mois, aussi bien au Maroc qu’auprès des investisseurs étrangers et les partenaires financiers. Et si le consommateur n’a pas ressenti l’effet de ces rallonges budgétaires à cause des effets de stock et de la spéculation, les statistiques budgétaires montrent bien cet effort financier de l’Etat.


«L’objectif était de protéger un tant soit peu la consommation intérieure, principal moteur de la croissance, créer une dynamique économique favorable et générer de la croissance et des recettes fiscales», résume Ahmed Zhani, économiste en Chef de CDG Capital, qui décrivait la situation récemment à l’occasion d’une rencontre organisée par la Bourse et l’APSB.


Cette politique expansionniste du gouvernement est en total opposition avec les objectifs de la Banque centrale, qui veut impacter à la hausse le coût de financement de l’économie pour ancrer les anticipations d’inflation. Et si l’Etat compte mobiliser des investissements importants, la Banque centrale veut, elle, créer un rétrécissement des conditions de financement pour tous les agents économiques. 
Une situation que Ahmed Zhani qualifie d’«incohérente». Selon lui, ces divergences limitent le potentiel de réalisation des objectifs des uns et des autres. 

Ailleurs dans le monde, les Banques centrales commencent déjà à adoucir leurs propos.  Le cas chinois est éloquent, comme l’a rappelé Ahmed Zhani : «la Banque centrale chinoise a abaissé son taux directeur, à contre-courant de la tendance mondiale, juste pour soutenir la croissance à la peine». Mais dans cette économie, la Banque centrale est au service du politique. 

La FED a, pour sa part, acté une première pause et, en Europe, une hausse de 25 points de base était largement attendue et comprise par les opérateurs. 

Au Maroc, l’Exécutif voudrait être juste un peu plus rassuré sur la conduite d’un mandat dual plus prononcé de la part de BAM, tout en restant indépendante. Ce mandat, qui consiste à avoir un œil sur l’inflation et un autre sur la croissance, a même été une revendication dans le cadre du nouveau modèle de développement, que Abdellatif Jouahri ne rejette pas d’ailleurs. 

Mais, en mars, la rhétorique du communiqué du Conseil était d’un alarmisme sans pareil, évoquant un choc de l’offre et une inflation qui continuait à accélérer, ce qui a effrayé les décideurs.

Abdellatif Jouahri va-t-il en tenir compte pour éviter une bascule en récession, sachant que les indicateurs de croissance commencent déjà à montrer des signaux de fragilité ? Les analystes financiers qui ont livré des pronostics où réalisé des sondages poussés, voient, eux, une hausse de 25 points de base, voire un statu quo. Deux options bien intégrées par les opérateurs et les banquiers.

BAM

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