S’introduire en Bourse permet de lever des capitaux et financer sa croissance. Et pour les ambitieux, les possibilités offertes sont infinies. Mais pour se faire, il faut convaincre les actionnaires et toutes les parties prenantes.
Ni saignant, ni bien cuit, l’IPO est un plat à servir à point. Cela demande de la préparation, de l'entraînement même, pour être capable de fédérer les équipes en interne, séduire les investisseurs et se présenter au meilleur moment.
Face aux futurs actionnaires, qu’ils soient institutionnels ou grand public, Tarik Senhajji, Directeur général de la Bourse de Casablanca, conseille de jouer la carte de la simplicité. «Il faut donner une bonne image de soi-même, tout en restant sincère ». Le patron de la Bourse, qui multiplie les actions de sensibilisation depuis le lancement du marché alternatif réservé aux PME, recommande aux chefs d’entreprises de dépersonnaliser leur discours, prendre du recul et se concentrer sur les messages clés.
Hatim Ben Ahmed, président de l’Association marocaine des investisseurs en capital (AMIC), et qui intervenait aux côtés de Tarik Senhaji lors de la première édition de Bonzai Conversations consacrée à la construction de la réputation financière pour être IPO-ready, insiste lui aussi sur la communication et son timing. Il faut dire que les membres de l’AMIC ont été récemment actifs en matière de sortie par IPO, la fameuse voie royale, qui permet aux fonds de vendre directement en Bourse et profiter de la liquidité sans pareil offerte par les marchés.
«Pas de messages surfaits, rester simple, et ne pas oublier de communiquer avec toutes les parties prenantes», témoigne-t-il.
Maria Ait M’hamed, PDG de Bonzai, insiste sur la nécessité de construire sa réputation financière. Pour cela, il faut communiquer bien en amont pour ne pas surprendre le marché. L’exemple de Aradei Capital a été cité en exemple. Mais on peut également évoquer des cas comme Akdital, Mutandis et actuellement CFG Bank qui prépare et annonce son IPO depuis quelques années déjà.
Anticiper son IPO : Les règles d’or
Pour être IPO-ready, sous l’angle du branding, la première clé de succès reste l’anticipation. «Si on arrive à ne pas faire un sprint, on a tout gagné. Il faut travailler en amont, idéalement 3 ans», souligne Maria Ait M’hamed. Durant cette période, banque d’affaires et tour table du candidat travaillent sur les fondamentaux alors que les communicants préparent les équipes et rendent la marque crédible aux yeux du public.
L’Equity story, sujet aux côtés de la gouvernance de plus en plus pesant dans les décisions d’investissement, doit être affûtée. La PDG de Bonzai conseille d’être authentique, sincère et inspirant pour le grand public pour l’engager dans l’avenir de l’entreprise. Les collaborateurs sont en pole position dans la construction de l’Equity story.
Les dirigeants doivent dans l’idéal avoir des profils de leaders d’opinion. «Une ou deux années avant l’IPO, il faut qu’ils montent au créneau, soient médias-traînés, et reconnus comme experts dans leur domaine», conseille-t-elle. «Démarrer ce travail à 3 mois de l’IPO n’est pas crédible», explique-t-elle.
Autre conseil : gérer le quiet Period. Cette période où démarrent les souscriptions et où l’entreprise doit garder le silence et ne communiquer que sur son business habituel. Pas de nouveaux moyens de communication, pas de nouvelles annonces, même pas un compte Twitter. L’idée est de ne pas brouiller le message !
Et, enfin, célébrez !
Au sein de l’entreprise, le dirigeant doit prendre le temps de partager et créer une rupture post-IPO pour embarquer le personnel dans cette nouvelle aventure…Il est temps de réaliser ce qui a été promis aux investisseurs.