Évoquant les principes directeurs permettant aux pays de la région MENA de renforcer leur résilience en mobilisant leur politique budgétaire lors de la 7ème édition du Forum arabe des finances publiques, Kristalina Georgieva, Directrice générale du FMI, a mis en exergue le cas du Maroc qui devrait bientôt démarrer le processus de décompensation des prix des produits subventionnés.
«Dans un monde marqué par les chocs et l’incertitude, la conduite de la politique budgétaire gagne en importance, mais aussi en complexité. Pour s’en convaincre, il suffit d’observer la volatilité des prix de l’énergie et des denrées alimentaires dans la région, qui contraint les autorités à intervenir pour protéger les plus fragiles, tout en préservant leurs plans de développement et d’investissement. À cette fin, elles doivent disposer de ressources financières suffisantes et planifier minutieusement leur emploi. Pour y parvenir, le Maroc élimine progressivement les subventions onéreuses et non ciblées pour les remplacer par des aides sociales ciblées», a déclaré la patronne du FMI en rappelant aussi le cas de la Mauritanie qui a également augmenté les prix des combustibles de 30% en réduisant les subventions.
Si le gouvernement reste aujourd’hui flou sur le calendrier du démarrage de cette réforme, la Banque centrale, elle, a d’ores et déjà intégré dans son scénario central «une décompensation programmée des prix des produits subventionnés à partir de 2024». Une réforme qui s’étalera sur 2 ans et qui devrait raviver les tensions inflationnistes en 2024 voire au-delà (+4,2% prévue par BAM). En attendant, l’opérationnalisation du RSU, actuellement en phase de test, se fait toujours attendre.
Notons que lors d’un récent débat sur les perspectives économiques en 2023, Nadia Fettah, ministre de l’Économie et des Finances, a déclaré que «nous ne pouvons pas financer la protection sociale si nous ne faisons pas des choix sur le ciblage». Sur la question du quand et du quoi «vous savez très bien que c’est une trajectoire qu’il faut préparer. Si on fait des annonces à la hâte, ça n’est pas raisonnable. On y reviendra quand on sera prêt et quand on saura répondre à cela», a-t-elle réagi en évoquant la sensibilité du sujet surtout pour les citoyens.
En 2022, la charge de compensation a coûté au gouvernement quelque 42 milliards de DH contre une projection initiale de 17 milliards de DH. La suppression de la caisse de compensation permettra donc d'alléger son impact sur le budget de l'État tout en générant des ressources financières qui pourraient être réaffectées notamment dans l'amélioration du système de protection sociale.