Vendredi 10 Janvier 2025

Maroc : Comment financer 1.000 milliards de dirhams d’investissements publics d’ici 2030 ?

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Depuis 2023, l’investissement public au Maroc a franchi un nouveau palier. Faute d’une croissance soutenue, la fiscalité et les partenariats public-privé (PPP) sont appelés à devenir les principales sources de financement de l’État.
 

Le pays s’est en effet lancé dans un programme d’investissement sans précédent. Si l’on évoque beaucoup la Coupe du monde 2030 comme catalyseur, d’autres projets structurants soutiennent également cette dynamique : généralisation de l’AMO, projets d’infrastructures à faible émission de carbone, politique de l’eau… Autant de chantiers qui ont fait passer les dépenses d’investissement d’une moyenne annuelle de 217 milliards de dirhams entre 2020 et 2023 à 324 milliards depuis 2023.


Selon Taha Jaidi, Directeur général d’Attijari Global Research, intervenant lors d’un panel sur les perspectives économiques du Royaume et organisé par Atiijariwafa bank CIB, près de 1.000 milliards de dirhams (environ 100 milliards de dollars) d’investissements cumulés sur les grands projets seraient budgétisés à l’horizon 2030. Un chiffre qui dépasse l'entendement.  L’expert obtient ce chiffre à partir des annonces officielles et de ses échanges avec les dirigeants de banques cotées, dans le cadre de ses activités de stratégiste de marché.

Paradoxalement, ce rythme effréné d’investissements ne s’accompagne pas d’un dérapage budgétaire. Bien au contraire, le déficit est attendu en recul. Taha Jaidi table sur un retour du déficit à 4 % du PIB en 2024, puis à 3,5 % en 2025 (contre 7 % juste après la crise du Covid). Le principal soutien à cette évolution ? Une croissance à deux chiffres des recettes fiscales (+12 %), plus rapide que l’augmentation des dépenses (+9 % en moyenne). Ces recettes fiscales sont tirées davantage par l’élargissement de l’assiette (réformes, digitalisation, intégration de l’informel) et par la hausse du nombre de contribuables plutôt que par une augmentation des taux. Pour l’analyste financier, cette tendance demeure soutenable grâce à une meilleure efficacité de la collecte et à l’élargissement progressif de l’assiette.


Outre la fiscalité, Taha Jaidi insiste sur l’importance de renforcer les PPP afin de faire passer la part de l’investissement privé de 1/3 à 2/3 de l’investissement global. La Charte de l’investissement et l’attractivité du pays sont des éléments clés pour mobiliser le secteur privé et les partenaires internationaux dans cette démarche. L’expert souligne par ailleurs la résilience de l’économie marocaine, soutenue par une croissance plus équilibrée (moins dépendante de l’agriculture), des réserves de change robustes et une dynamique d’investissement inédite.
 Les principaux défis résident dans la capacité à maintenir des finances publiques saines et à accompagner les entreprises pour qu’elles profitent de cette phase d’expansion sans compromettre leur pérennité.

 

 

Repère clés


 

Politique monétaire de Bank Al-Maghrib (BAM)

 

-Prévisions d’inflation autour de 2 %.

 

-Attente d’une possible baisse du taux directeur sur les deux ou trois prochains trimestres.

 

Finances publiques

-Déficit budgétaire en baisse : retour prévu à 4 % du PIB en 2024, puis 3,5 % en 2025 (contre 7 % post-Covid).

 

-Principal soutien : croissance à deux chiffres des recettes fiscales (environ +12 %), tirée :(1) Par l’élargissement de l’assiette fiscale (réformes, digitalisation, intégration de l’informel). (2) Par l’augmentation de la base des contribuables plutôt que la hausse des taux.

 

> Soutenabilité possible grâce à la meilleure efficacité de la collecte et à l’élargissement progressif de l’assiette.

 

Cycle d’investissement « historique »

 

  • Niveaux d’investissement public record :
    • Entre 2023 et 2025, estimés à 325 milliards de dirhams par an (contre 217 milliards sur la période précédente).
    • Au total, près de 1 000 milliards de dirhams (environ 100 milliards de dollars) d’investissements cumulés sur les grands projets d’ici 2030.

 

  • Financement :
    • Dette publique soutenable (70 % du PIB, dont 25 % en devises).
    • Besoin de partenariats public-privé (PPP) : passer de 1/3 à 2/3 d’investissement privé dans l’investissement global.
    • Charte d’investissement et attractivité du pays sont essentielles pour mobiliser le privé et des partenaires internationaux.

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