Inflation et hausse des taux continueront d’être les principaux indicateurs à surveiller dans le tableau de bord des investisseurs en 2023.
« L’inflation tant importée que locale pourrait continuer de peser sur le coût de production des entreprises », prévoit CDG Capital Insight dans un nouveau document de recherche sur les perspectives du marché actions cette année.
Pour les analystes, la capacité des entreprises à impacter la hausse des coûts des intrants repose sur le maintien de la demande des ménages. Celle-ci pourrait se réduire sensiblement en l’absence d’une hausse des salaires, qui reste moins probable au Maroc étant donné le poids de l’économie informelle, un taux de chômage élevé, une main d’œuvre globalement peu qualifiée et l’importance de la masse salariale dans la structure des charges ordinaires de l’Etat.
Selon le HCP, le pouvoir d’achat des ménages aurait enregistré un recul net de 1,9% en 2022. « La dernière révision à la hausse des SMIG et SMAG n’est pas de nature à changer cette donne, à notre sens, étant donné les niveaux élevés d’inflation déjà enregistrés », prédit le bureau de recherche.
Une prolongation de cette période inflationniste pourrait donc aboutir à une réduction de la demande locale sur le court terme, qui mènerait à son tour à atténuer l’inflation des prix locaux.
Cependant, le levier sur l’inflation importée reste limité. « Nous percevons par conséquent un risque de rétrécissement des marges des entreprises suite à une baisse de la demande intérieure ».
Quant à la demande extérieure, celle-ci pourrait aussi s’éroder dans un contexte de faible croissance mondiale, et où la hausse des taux dans le monde entier comme au Maroc pourrait peser significativement sur les plans d’investissement des entreprises et sur la consommation. « A l’heure actuelle, ce risque ne se matérialise pas, comme en atteste l’augmentation des exportations automobiles entre autres. Cependant, une récession chez les pays partenaires pourrait ultimement résulter en une réduction de la demande adressée aux entreprises marocaines. »
Pour les analystes, et concernant le secteur bancaire principal moteur de la Bourse de Casablanca, l’année 2023e, devrait se traduire par un ralentissement de la croissance de l’encours de crédits, compte tenu de l’impact limité des hausses du taux directeur sur la demande de crédit et du ralentissement des crédits de trésorerie qui ont été soutenus en 2022 en partie par la hausse des cours des matières premières, notamment les produits énergétiques. « Au final, la lecture des différents drivers et enjeux du secteur, nous laissent penser que les banques cotées à la bourse de Casablanca enregistreront une performance positive des bénéfices courant 2023e », prévoient les analystes.
Toujours pour 2023e, la légère baisse prévue des coûts des intrants et du coût de transport devrait permettre aux sociétés agroalimentaires de voir leurs marges s’améliorer légèrement.
Quant au secteur minier, ce contexte de niveau de prix élevés soutenus par un dollar fort, et par la baisse des coûts des intrants dont principalement l’énergie devrait permettre aux sociétés opérant dans le secteur de réaliser des résultats satisfaisants et de soutenir le niveau de dividendes distribués.
L'industrie de la construction pourrait elle continuer à ressentir les effets de la hausse des prix de l'acier, du ciment, du bois et du carburant. En conséquence, l'industrie pourrait connaître des retards dans l'achèvement des projets, une augmentation des coûts de construction et une réduction des marges bénéficiaires.
Même constat pour l'industrie de l’immobilier qui devrait faire face à des vents contraires et, par conséquent, afficher une croissance atone durant l’année 2023.