Parmi toutes les sociétés cotées, Total Maroc affiche, jusqu'à présent, la plus forte progression des bénéfices en un seul semestre. 177% de hausse pour son RNPG, dépassant ainsi largement les objectifs de son business plan présenté lors de son introduction en Bourse. Mais est-ce vraiment une bonne nouvelle ?
En terme de ventes, Total Maroc a su profiter de ses avantages métiers historiques : Sa présence sur des produits de niche comme le carburant pour avions ou encore le diesel haut de gamme avec Total Excellium lui permettent de dégager de la marge additionnelle par rapport aux produits classiques. A cela s'ajoutent les services proposés par les stations Total, les ventes de lubrifiants etc...Ce mix produit a permis au groupe d'écouler 8,7% de produits en plus qu'à la même période en 2015 avec 675 kt commercialisés, contre 621 auparavant. Mais malgré cela, le chiffre d'affaires du premier semestre affiche une baisse de 15%, principalement à cause de la baisse des prix de ventes.
Explosion des bénéfices et du résultat opérationnel
La baisse du chiffre d'affaires n'a pas empêché le résultat opérationnel du pétrolier d'augmenter pour passer de 188 MDH à 525 MDH, soit une progression de 179% ! Idem pour le résultat net consolidé qui augmente dans des proportions similaires. La raison de cette explosion des profits : La réévaluation des stocks grâce à la hausse des prix des produits pétroliers sur les marchés internationaux. 1 Md de dirhams de charges ont été économisées ainsi par rapport au premier semestre de 2015, comme le montre l'extrait ci-dessous, rubrique stocks, dans le CPC consolidé de Total. Mais qu'aurait été la situation si les cours internationaux avaient baissé ? Nous avons posé la question au management.
Jean-Louis Bonenfant, nouveau directeur général de la filiale du groupe français nous a expliqué que Total Maroc dispose de deux types de stocks. Le stock dit outil, qui est une sorte de stock tactique et le stock stratégique de sécurité qui permet de faire face à tout risque de pénurie. C'est ce deuxième stock qui représente l'écrasante majorité des réserves du pétrolier, et c'est aussi ce stock que Total ne couvre pas. Sa valorisation est à la merci des marchés internationaux. Cette absence de couverture, on l'imagine bien, s'explique par le prix élevé de contrats sur des quantités aussi élevées. Pour répondre donc à la question, les propos du nouveau directeur général de Total montrent que finalement, si les cours avaient baissé, les profits auraient aussi baissé. Les bénéfices de Total sont à la merci des marchés ? Surement. Peut-être aussi aurait-il été plus avantageux et prudent de lisser ses gains sur une période plus longue qu'un semestre ? Car désormais, à cause de cette forte croissance des gains, nous devrions nous attendre à de la volatilité dans la progression des résultats du pétrolier. Arrivera-t-il à maintenir ce niveau de bénéfices si ses stocks sont dévalués à cause d'un mouvement baissier sur le pétrole (Surtout qu'il a de plus en plus la fâcheuse habitude de piquer du nez ? Rendez-vous en 2017. D'ici là, on retiendra que Total clôture le semestre sur une grande création de valeur pour ses actionnaires. Ces derniers expriment clairement leur satisfaction avec une progression de 10% du cours de l'action un peu avant 15h, ce lundi 26 septembre.