Le secteur technologique est en train de changer de statut boursier. Réputées être cycliques (fortement liées à la conjoncture économique), les entreprises technologiques admises à la Bourse de Casablanca nous démontrent, depuis un temps, le contraire. Leurs résultats bondissent et leurs cours boursiers grimpent, au moment où les autres secteurs du même type (mines, immobilier, BTP, industrie…) sont à la peine.
De HPS, star du compartiment, à Microdata, en passant par M2M ou encore S2M, les techs se distinguent à chaque saison de publication des résultats et commencent à avoir une certaine stabilité de croissance. Par exemple, en 2018, M2M Group a augmenté de 50% ses bénéfices, Involys de 70%, HPS de 30% et Microdata de 24%. Sur le marché, avec une capitalisation boursière de plus de 4,36 milliards de DH, le secteur affiche une performance de près de 17% en ytd.
Pourquoi donc cette «super forme»? Il ne se passe pas un mois sans que l’on entende parler de nouvelles tendances technologiques. L’IA, les paiements électroniques, le Big Data, la digitalisation de l’économie sont en effet des tendances lourdes qui mobilisent de gros investissements dans toute l’économie. Une dynamique qui n'est pas prête de s’interrompre, même en cas de ralentissement conjoncturel. D’autant que tous les secteurs sont aujourd’hui contraints d’investir en technologie pour «survivre».
Plus de visibilité sur le futur
Mais au-delà des profits, nous constatons que les valeurs technologiques commencent à offrir une certaine visibilité sur leur croissance. Chose qui leur faisait défaut auparavant. En effet, les profits du secteur sont devenus moins volatils depuis quelques années, ce qui a bien été intégré par le marché. Mais, dans ce cercle restreint d’entreprises, il y a quelques disparités. Celles spécialisées dans l’IT ou dans la monétique prennent clairement le pas sur les sociétés de matériels informatiques (PC, serveurs, etc.), comme Disway par exemple.
Le segment de la monétique (HPS, M2M et S2M) affiche en effet la meilleure croissance, grâce à l’amélioration de la conjoncture des établissements bancaires donneurs d’ordres et aux changements que connaît l’industrie des paiements. Pour les distributeurs de matériels et intégrateurs de systèmes d’information (Disway et Microdata) ainsi que les développeurs (Involys et IB Maroc), les perspectives demeurent tributaires de la demande du marché et de la capacité des importateurs de matériels à maîtriser leur risque de change.
Secteur abordable et rémunérateur…
Dans l’ensemble, le secteur rémunère généreusement ses actionnaires et traite sur des niveaux de valorisation plutôt attrayants. Microdata par exemple affiche un P/E de 9,0x, alors que le secteur informatique est valorisé 19,2x ses bénéfices. D'autres entreprises technologiques disposent de P/E équivalents, voire meilleurs, comme Involys et son P/E de 6x. Mais Microdata est en plus une valeur de rendement. Ses actionnaires auront un rendement de 7,52% cette année, l'un des plus élevés du marché.
A noter que le secteur était encore plus abordable en 2016 avec un P/E de 9,5x. Un ratio qui a dû doubler du fait de la forte progression du cours de HPS, lequel a pris 544% depuis !
… Mais peu attractif
Seul hic : la liquidité fait défaut pour la plupart des titres du compartiment. «Les titres technologiques ne perdent pas en termes de vitesse, et font bénéficier aux portefeuilles d’importants avantages. Celles-ci s’avèrent être un bon investissement sur un horizon long terme. Cependant, elles ne sont pas considérées comme étant des valeurs de fond de portefeuille par souci de liquidité. Malgré le fait qu’elles soient assez intéressantes en termes de valorisation, elles ne sont guère considérées comme des valeurs de rendement», expliquait récemment dans nos colonnes un trader de la place. Microdata en est un exemple concret. Elle affiche une bonne résilience, avec des résultats satisfaisants et de bonnes perspectives. Cependant, en termes de liquidité, le titre attirerait peu un gérant en OPCVM.
La R&D, facteur-clé de succès
Repenser ses produits et services assure pérennité et croissance. Aujourd’hui, les techs cotées l’ont bien compris et investissent considérablement en R&D.
«La reconfiguration du secteur, avec tous les nouveaux modèles disruptifs, est en train de bouleverser le marché et, pour nous, c’est une grande opportunité car nous disposons du savoir-faire et de la souplesse. Par exemple, nous avons une équipe spécialement dédiée à la Blockchain et nous mettons 15% de nos revenus de l’activité «Solutions» dans la R&D», assure-t-on auprès de HPS.
Les autres techs, malgré leur taille, n’en font pas moins. Involys a consacré, en 2018, 17% de son chiffre d’affaires, soit 7,2 MDH, en investissement R&D.
S2M y dépense annuellement 5% de son chiffre d'affaires global, alors que M2M Group en consacre en moyenne 14,5% de ses revenus.
Y.Seddik