Les primes ont de nouveau crû en 2018 pour Wafa Assurance. Elles atteignent 8,37 Mds de dirhams, en hausse de 4%. Cette croissance est tirée à hauteur de 80% par la Vie, dont les primes ont atteint 4,68 Mds de dirhams, alors qu'elles sont de 3,68 Mds dans la non-Vie. Mais la rentabilité ne suit pas et c'est la sinistralité non-Vie qui est pointée du doigt. Le management a pourtant fait l'effort de maîtriser les charges de gestion qui baissent de 0,4 pt sur cette branche. Insuffisant pour effacer l'effet des sinistres qui, rapportés aux primes, affichent un taux de 86,8% contre 74,1% l'an dernier. La survenance de sinistres de pointe n'a pas arrangé la situation. Résultat : le ratio combiné non-Vie grimpe à 113,1%, en hausse de près de 12 points, alors que le résultat non-Vie est en baisse de 54,2% sur l'exercice et affiche un solde de 360 MDH, témoignant de l'ampleur du phénomène.
«Le marché continue de croître. Il n’y a aucune raison que cette machine s'arrête. L'automobile, les infrastructures et l'épargne sont par exemple des viviers de croissance», résume Ramsès Arroub, PDG de Wafa Assurance. Pour lui, le problème est conjoncturel. Il s'engage à tourner la page rapidement, tout en précisant que dans le secteur, le court terme se mesure en années.
Des solutions de place...
La dégradation récente de la sinistralité automobile a amené les compagnies à prendre plusieurs mesures, à partir de cette année, pour enrayer la tendance et redresser la rentabilité technique de cette branche. Les mesures sont nombreuses : certaines, dites de place, impliquent toutes les compagnies. Il s'agit par exemple de la modification de la convention d’indemnisation directe en auto (CID). Concrètement, le recours forfaitaire pour les dossiers inférieurs à 20.000 DH sera abandonné. Chaque compagnie prendra en charge l’indemnisation de ses assurés non responsables ou partiellement responsables. Quant aux dossiers de plus de 20.000 DH, les modalités de la convention seront modifiées par l’enrichissement du barème de la responsabilité et par l’unification du barème des valeurs vénales et vétustés.
Les assureurs de la place compte également renforcer le dispositif de lutte anti-fraude, avec la montée en puissance d'un extranet sinistre au niveau du marché mis en place fin 2018. Cette plateforme d'échange des sinistres permettra aux gestionnaires au niveau des compagnies de consulter la situation des assurés afin de détecter les cas éventuels de fraude. C'est une sorte de centrale des risques pour le secteur. Parallèlement, un dispositif de détection de la multi-assurance a été mis en place, pour que l’intermédiaire puisse en être informé au moment de la souscription d’une nouvelle couverture d’assurance automobile.
... Et des mesures individuelles
Si toutes les compagnies vont adhérer aux mesures de place évoquées, elles devront aussi penser à des solutions individuelles. «Nous n'avons pas le même profil de risque ni les mêmes portefeuilles. Certains assurent des flottes, d'autres se positionnent sur du haut de gamme», explique Arroub, pour qui chaque compagnie devra personnaliser sa stratégie pour redresser la rentabilité technique. «Chacun placera le curseur en fonction de ses contraintes. Mais le marché est sensibilisé», assure-t-il. Il faut s'attendre, à partir de cette année, à un resserrement des conditions d'indemnisation, à des garanties annexes moins généreuses et à une revue en profondeur des prestations d'assistance offertes.
Sur le plan financier, Wafa Assurance tire son épingle du jeu malgré l'effritement des rendements sur le marché des capitaux. Son résultat financier est en hausse de 9% dans la non-Vie et de 6,2% dans la Vie, à respectivement 892 MDH et 915 MDH. Le management, qui estime que la compagnie devrait revenir à des niveaux de résultats plus normatifs - les précédents n'étant pas tenables à long terme selon les dire de Arroub -, a voulu délivrer des signaux de robustesse aux investisseurs en maintenant son dividende stable cette année à 120 DH/action.
Dotée d'une marge de solvabilité de 314% et d'une ROE de près de 12%, Wafa Assurance dispose de 3,9 Mds de dirhams de plus-values latentes dans ses comptes.
A.H