Jeudi 29 Fevrier 2024

Finance comportementale: Le rôle de la psychologie dans l’investissement en Bourse

Analyse du Marché Boursier Marocain

Penser à la finance comportementale, c’est faire référence à la crise de la Tulipomanie en 1637 et celle de la Covid-19 en 2020. Cette dernière a mis en lumière la notion de «biais comportemental».

Investir en bourse implique une immersion directe sur le marché financier, où deux principes piliers de la finance de marché sont à l'œuvre : l'efficience informationnelle, développée par l'économiste américain Eugene Fama en 1960, stipule que le prix d'un titre doit toujours refléter sa valeur fondamentale ou intrinsèque, ainsi que la rationalité parfaite des investisseurs.

Mais, peut-on toujours croire à ces deux principes ? Les investisseurs sont-ils toujours en mesure de prendre des décisions d'investissement de manière rationnelle ?

Ce sont ces réflexions qui ont réactivé chez les chercheurs en finance et en psychologie, une curiosité de savoir pour introduire une nouvelle approche visant à humaniser la finance, appelée « la finance comportementale » ou « behavioral finance » en anglais.

Penser à la finance comportementale, c’est faire référence à la crise de la Tulipomanie en 1637 et celle de la Covid-19 en 2020. Cette dernière a mis en lumière la notion de « biais comportemental », autrement dit un préjugé conduisant à des comportements irrationnels pouvant influencer inconsciemment le processus de prise de décisions d’investissement en Bourse. Ils se sont scindés en biais cognitifs, liés aux erreurs de jugement, et en biais émotionnels, résultant des sentiments et émotions.

La tulipomanie, une crise financière éclatée aux Pays-Bas en raison de la spéculation excessive sur une variété prestigieuse des fleurs appelées « les tulipes ». C’est un exemple de décisions collectives considérées comme irrationnelles, illustrant le biais de mimétisme ou le suivi aveugle des décisions des autres. Dans le même sillage, la crise de la Covid-19 a positionné les investisseurs dans un climat d’incertitude, ce qui a donné lieu à une panoplie de biais psychologiques tels que le mimétisme, l’effet de disposition, l’aversion aux pertes et l’optimisme.

 

Les investisseurs en Bourse ne sont pas entièrement rationnels – tout comme le marché ne l'est pas

 


Finance et psychologie : Quelle synergie ?


Les investisseurs en Bourse sont des êtres humains, et leurs décisions d’investissement peuvent être influencées par des émotions, des expériences passées ou être le résultat d’erreurs de jugement dues à des conjonctures nationales ou internationales. C’est la nature humaine ! On ne peut pas les qualifier de rationnels ou d’irrationnels. Ils sont plutôt des êtres normaux. Neurologiquement parlant, le cerveau humain est composé de trois parties interconnectées à savoir :

• Le cerveau reptilien : C’est la partie responsable des besoins primitifs et vitaux de l’organisme tels que l’alimentation, la respiration etc.

• Le néocortex : Il est responsable du raisonnement, de la recherche et de la planification. C'est là que se déroule la pensée rationnelle et analytique. Lorsque les investisseurs analysent des informations disponibles sur le marché, évaluent des risques et envisagent des stratégies d’investissement, c'est le néocortex qui est activement engagé.

 • Le cerveau limbique : Il implique les émotions, les sentiments, les souvenirs ou les événements passés. Les émotions telles que la peur et l'excitation peuvent influencer les décisions d’investissement. Les expériences passées, qu'elles soient positives ou négatives, peuvent créer des biais émotionnels qui affectent la perception des risques et des opportunités d'investissement.

Cette intersection entre le cerveau limbique et le néocortex est cruciale dans le processus de prise de décisions des investisseurs en Bourse. Les émotions peuvent influencer les décisions d'investissement, parfois de manière irrationnelle, alors que le néocortex tente de rationaliser ces décisions en les justifiant avec des analyses et des informations objectives. Cet équilibre entre les émotions et la rationalité peut avoir un impact significatif sur les performances d'investissement.

 

Bref, “Investing isn’t about beating others at their game. It’s about controlling yourself at your own game”. Benjamin Graham, 1949, The Intelligent Investor

 

Par Yamani Oumaima, Docteure en sciences de gestion, spécialité finance de marché – ENCG Oujda

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