Jeudi 15 Septembre 2016

Filière sucrière : Seul secteur agricole à exploser les objectifs du Plan Maroc Vert

Analyse du Marché Boursier Marocain

Jamais un secteur agricole n'a été aussi "apaisé" avec des agriculteurs, des industriels et des autorités publiques sur la même longueur d'ondes. Des avancées considérables et concrètes ont été réalisées lors de cette dernière décennie avec à la clé, un meilleur niveau de vie des quelques 80.000 exploitants marocains. Pourquoi une telle réussite ? Il faut peut-être chercher la réponse chez la plaque tournante de ce secteur : Cosumar

 

La filière sucrière au Maroc ce sont 2.000 emplois directs et 3.000 indirects. Elle représente 10 millions de journées de travail par an dans l’activité agricole et permet de garantir un revenu pour 80.000 agriculteurs de betterave à sucre et de canne à sucre. 

Un marché en croissance constante

Comme aime à le rappeler Mohamed Fikrat, président de l'APS et PDG de Cosumar, le sucre accompagne le Marocain de sa naissance à son décès en passant par toutes les fêtes qu'il célèbre durant sa vie. En chiffres, cela donne 1,2 million de tonnes consommées au Maroc chaque année, soit 36 Kg par habitant par an. Le marché connaît une croissance normative de 1,8% par an et fait travailler, en plus des 80.000 agriculteurs fournisseurs, plus de 60 entreprises spécialisées dans la distribution, sans compter les prestataires de services tels que les transporteurs. L'outil de production marocain peut traiter jusqu'à 5 millions de tonnes par an. Le raffinage du sucre brut importé est une réelle valeur ajoutée pour la filière, dans la mesure où il permet de compléter l’approvisionnement du marché de cette denrée. Car, aujourd'hui, la production locale couvre un peu moins de 50% de la demande intérieure. "Ce taux devrait monter à 60 ou 65% à horizon 2020", expliquait le PDG de Cosumar dans une interview pour Boursenews en 2015. Nous avons demandé à Mohamed Fikrat s'il était possible d'atteindre l'autosuffisance à plus long terme et pour lui, si techniquement l'objectif pourrait être atteint, le principal obstacle reste l'eau. Car, les plantes sucrières demandent énormément d'irrigation, ce qui constitue un obstacle écologique. 

Et si le marché est en croissance au Maroc, il l'est encore plus en Afrique subsaharienne. Dans des pays plus au Sud du continent où l'eau est rare, la production est quasi-inexistante, d'où une contribution de l'Afrique de 6% useulement à la production mondiale. Le Maroc occupe la troisième place en termes de capacité de production derrière l'Afrique du Sud et l'Egypte. Pour sa part, le déficit sur l'ensemble du continent se chiffre à 7 millions de tonnes. "Mais attention, si les producteurs marocains s'intéressent au développement de la filière dans tout le continent, ce n'est pas pour y exporter massivement mais pour développer des synergies en termes d'outils de production, de méthodes de travail et de coopération avec les autorités. C'est un partenariat win win d'échanges de bons procédés", explique Fikrat. Cosumar est exportateur de sucre, mais aujourd'hui, les volumes sont faibles car l'objectif de la sécurité alimentaire est primordial dans le cadre du Plan Maroc Vert. 

Contenu lié : Boursenews invite Mohamed Fikrat

 

Pourquoi le Maroc est un exemple mondial en matière de rendement 

Au Maroc, la principale évolution dans le traitement du sucre ces 5 dernières années se résume en un mot : le rendement. En effet, toute la chaîne de production a été modernisée. Les agriculteurs utilisent de plus en plus de semences monogermes (plus de 90% actuellement contre 5% il y a 10 ans). La mécanisation du processus a été poussée à l'extrême pour produire à moindres coûts des quantités plus élevées et le processus de distribution a été modernisée avec une approche marketing de pointe bien ciblée. Aujourd'hui, les défis sont d'accroître encore plus le rôle des agrégateurs dans de le développement de la filière et l'atteinte de la sécurité alimentaire. Ces données, théoriques il y a peine 2 ans, deviennent aujourd'hui une réalité. Car la région Béni Mellal-Khénifra vient de publier le résultat de la production de la betterave sucrière brute pour la campagne agricole 2015/2016 qui  a atteint  un total de 1 million 200 mille tonnes, soit 78 tonnes/hectare, contre 157 mille 800 tonnes de sucre pur (13 tonnes/ hectare) l'année d'avant. Un rendement supplémentaire de 65tonnes/hectar qui dépasse les objectifs tracés dans le cadre du plan agricole régional à l'horizon 2020.  

Le Plan Maroc vert, décrié par certains et adulé par d'autres ne peut que faire l'unanimité en ce qui concerne cette filière où les réalisations en termes de rendements sont largement supérieures aux prévisions. 

 

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