Selon une étude de la Banque mondiale sur les risques liés aux catastrophes naturelles, les pertes annuelles moyennes du Maroc liées aux catastrophes naturelles s'élèvent à plus de 800 millions de dollars. Or, si une mauvaise campagne agricole parvient aujourd’hui à déprimer l’économie marocaine, comment ne pas redouter les conséquences du réchauffement de la planète sur fond d’aggravation du dérèglement climatique ?
“La transition énergétique et la durabilité environnementale et sociale ne sont pas une option ni un luxe pour un pays qui s’est ouvert à l’économie mondiale comme le Maroc, ce sont des impératifs. Le pays a tiré bénéfice de ses choix de spécialisation, il a été une destination phare des IDE dans la région, la pauvreté a reculé, ses équilibres macroéconomiques sont solides et ses spécialisations ont été positives dans certains secteurs comme l’automobile ou l’aéronautique”, explique sur ce point Fouad Benseddik, expert international en RSE, consultant indépendant (FBS Consulting- Paris) et membre du Conseil économique, social et environnemental.
Toutefois tempère notre expert, “pour garder son attractivité, il lui faut monter en gamme en intégrant, précisément, les technologies, les services et les exigences de la durabilité. Quelques banques ont compris cette dynamique. Les grandes entreprises industrielles ont du mal à suivre. Les PME ont besoin d’appui. Ces sujets restent malheureusement hors des débats politiques”.
Une évolution à deux vitesse?
Pour contrer cette évolution de la question climatique, le pays a adopté une série de politiques “vertes” afin de préserver ses ressources naturelles et renforcer la résilience de l’agriculture. Ces politiques s’inscrivent dans une approche triplement gagnante, puisqu’elles visent à la fois à s’adapter au changement climatique, à atténuer ses effets et à créer de nouveaux débouchés.
“La prise de conscience de la gravité du risque climatique a besoin de lucidité. Pour en entrevoir les conséquences inéluctablement dramatiques. Elle a besoin aussi d’un cadre réglementaire incitatif, de ressources financières dédiées et d’audace pour en saisir les opportunités qui peuvent être considérables. De ce point de vue, quatre ans après la flamboyante édition de la COP22 à Marrakech, le bilan marocain est mitigé. Avec toujours cette même difficulté à garder le cap et à déployer avec une granularité suffisamment les grands engagements. SM le Roi Mohammed VI a dû en appeler à plusieurs reprises à l’adoption d’une Charte nationale pour le développement durable. Le gouvernement a alors formalisé, sans réelle consultation des parties concernées, notamment les entreprises, une «stratégie» clé en main, séduisante sur le papier mais sans suite”, précise sans détour Benseddik.
Il élargit l’observation en indiquant que le choix d’obtenir un mix énergétique majoritairement renouvelable a été une décision audacieuse, là encore impulsée par le Roi, mais l’efficience énergétique, la réduction des consommations des énergies fossiles dans les transports et l’industrie ne suivent pas. Il ne s’agit pas ici de culpabiliser les entrepreneurs, mais de montrer que la transition énergétique est un tout, qui engage la conception des produits et services, les critères et les modalités d’investissement, la politique du crédit, la fiscalité, le régime douanier, la promotion immobilière, les transports.
Crise sanitaire et risque climatique: verbatim
Fin du dossier.
Y.S