Bank Al-Maghrib publie une étude documentée sur la thématique de l'impact de la politique monétaire sur les taux souverains au Maroc. Cette étude est réalisée dans le cadre des documents de travail de Bank Al-Maghrib qui sont des papiers de recherche produits par les cadres de Bank Al-Maghrib ou en collaboration avec des chercheurs externes principalement dans les domaines constituant le centre d’intérêt de l’Institution. Les résultats suggèrent que les chocs macroéconomiques exercent un impact relativement prépondérant sur les titres souverains de maturités 5 et 10 ans comparativement à ceux de 2 ans. De même, l'étude montre que les taux longs affichent une sensibilité plus prononcée que les taux de courtes maturités. En revanche, les résultats suggèrent qu’une part importante de la réaction des taux souverains de 5 et 10 ans est expliquée par la composante « prime de risque » alors que les taux de 2 ans sont principalement gouvernés par le choc de politique monétaire.
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Les décisions de politique monétaire influencent les taux de maturités courtes alors que les taux longs sont impactés aussi par d’autres facteurs dont notamment le niveau de la prime de risque exigée par les investisseurs et leurs anticipations d’inflation. Cette étude révèle que les chocs de politique monétaire influencent l’évolution des taux souverains de moyen et long terme. Plus précisément, il ressort que la courbe des taux se pentifie suite à un choc de politique monétaire. En outre, une part importante de la réaction des taux souverains, surtout ceux à échéance de 5 ans et 10 ans, est expliquée par la composante « prime de risque » qui tient compte des risques d’inflation, de défaut et de liquidité.
Ces résultats sont corroborés par une analyse rétrospective de la forme de la courbe des taux suite aux décisions de politique monétaire. En effet, durant la période 2012-2014, les taux des bons du trésor ont affiché une tendance haussière dans un contexte de détérioration à la fois des comptes publics et externes et ce malgré une politique monétaire accommodante. De même, la période récente 2015-2017, a été marquée par la synchronisation entre les taux souverains et le taux directeur. Les décisions de septembre, décembre 2014 et mars 2016 conjuguées à la discipline budgétaire et à l’assainissement des équilibres macroéconomiques ont contribué à l’aplatissement de la courbe des taux.
Les conclusions de cette étude sont en ligne avec les travaux ayant porté sur le Maroc et ceux ayant traité cette question dans des pays en développement qui ont connu des périodes d’instabilité macroéconomique. Néanmoins, ces résultats contrastent avec ceux obtenus par des pays développés qui stipulent que l’impact des chocs positifs de la politique monétaire s’estompe au fur et à mesure que la maturité augmente, entrainant ainsi un aplatissement de la courbe des taux. A cet égard, l’adoption du régime de ciblage d’inflation à un stade avancé du processus de flexibilisation du taux de change est de nature à consolider les marges de manœuvre de Bank AlMaghrib en renforçant l’ancrage des anticipations d’inflation.
De même, le maintien des équilibres macroéconomiques est à même de réduire le risque souverain et de renforcer la transmission des chocs monétaires vers les différents compartiments du marché financier.
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N°2 : Analyse de la transmission de la politique monétaire vers les taux souverains
BENNOUNA Hicham et BOUNADER Lahcen