C’est sur un chiffre d’affaires de 547 MDH que Colorado a bouclé l’année 2017, en hausse de près de 3% par rapport à 2016. Une évolution en phase avec les prévisions du management et concerne toutes les familles de produits : Le Bâtiment représente 2% des ventes, la carrosserie 18% et l'industrie 36%.
Selon Aboudihaj Lazrak, directeur des ventes de la société, cette progression est expliquée par une agressivité commerciale “nous récupérons les parts de marché de nos concurrents en difficulté”, et une hausse des travaux des ménages. Malgré cette hausse, l’entreprise a subi quelques pressions sur sa marge qui n’a augmenté que de 1,2%, dû à la flambée du prix du “dioxyde de titane” (matière première stratégique pour l’entreprise), dont le prix à l’international s’est envolé à 2.000 Euros la tonne en 2017.
La contrefaçon pèse
La contrefaçon est un autre risque qui pèse actuellement sur l’activité de Colorado. “Aujourd’hui, il y a une accélération “incroyable” de la contrefaçon dans le secteur de la peinture” confie Abed Chagar, DG de colorado. C’est l’un des risques majeurs qui entourent la société. La taille de ce marché informel est de 20% selon les estimations du management. La même que celle de Colorado. “Ces petits charlatans, qui vendent à 20-30% moins cher que nous, prospèrent à notre détriment et au grand dam de l’économie formelle. Ils choisissent la facilité” a-t-il reproché.
“Nous avons plusieurs affaires en justice actuellement. Et nous reprochons à l’OMPIC, l’enregistrement de certaines marques : Corlador ou encore Colrado” a-t-il cité. Chagar estime que l’office, chargé de la protection des droits de la propriété, n’a pas joué son rôle. “Nous risquons d’ester en justice contre l’OMPIC” a-t-il lancé.
Une atonie du secteur confirmée
Pour ce qui est de la conjoncture du secteur BTP, qui connaît une dégradation continue de son activité depuis 2012, le constat est on ne peut plus clair pour Colorado : Le bâtiment va de mal en pis, cela va se prolonger en 2018. Et pour cause : “Il n’y a pas de mesures incitatives dans la loi de Finance 2018 qui permettra au bâtiment de se relancer”.
Mais la société fait preuve d’une certaine résilience. “On n'a jamais était positionné sur le logement social, c’est la raison pour laquelle nous étions et nous sommes épargnés contrairement aux autres opérateurs du secteur” assure le top management.
Néanmoins, ils estiment qu’il y a un gisement mal exploré, celui du moyen-standing, et qui pourrait représenter une véritable opportunité de croissance pour la société.
Parallèlement, pour parer à cette atonie du marché, l’entreprise compte aussi sur l’export qui représente aujourd'hui 8% de son CA en 2017 et devrait augmenter à 10% en 2018.
100% de résultat distribué
Avec un résultat financier déficitaire de 98 MDH et un résultat non courant qui s’établit à 2 MDH, le résultat net de Colorado se chiffre à 50 MDH en 2017. En apparence, le résultat net baisse de 3,8%. Si l’on neutralise l’effet de la reprise non courante enregistré en 2016 (4,8 MDH), le bénéfice net serait en hausse de 6,4% à 45,3 MDH.
Dans ces conditions l’entreprise a décidé de distribuer 50 MDH de son résultat (dividende unitaire de 4,25 DH). Le DG a indiqué que deux conditions sont nécessaires pour distribuer 100% du résultat net réalisé : Un sous-endettement et une trésorerie disponible. D’ailleurs au niveau de l’endettement, elle reste sur des proportions très faibles et affiche un taux de 9,7% à fin 2017. Elle dispose également d’une trésorerie nette de 75,5 MDH et place plus de 58 MDH en produits monétaires.
En termes d’investissement pour l’année 2018, le management a souhaité rester discret. Il a mentionné tout de même que 60 MDH y seront investis, après 50 MDH l’année écoulée.