La Fed devrait maintenir ses taux à leur plus haut niveau en 20 ans, cette semaine lors de sa réunion, car l'inflation reste forte aux Etats-Unis, creusant l'écart avec son homologue européenne, la BCE, qui vient d'abaisser les siens.
"La Réserve fédérale maintiendra ses taux inchangés, entre 5,25 et 5,50%", anticipe ainsi Gregory Daco, chef économiste pour EY Parthenon.
Mais, prévient-il, "c'est tout ce que nous savons. Le reste de la communication de la Fed est au mieux inconnue, voire floue".
Après avoir relevé ses taux face à la forte inflation, entre mars 2022 et juillet 2023, la Fed réfléchit désormais à les abaisser.
Mais, pour lancer le mouvement, les responsables de l'institution veulent être certains que les prix cessent de flamber. Or, le début de l'année n'a pas apporté de bonnes nouvelles sur ce front, avec un rebond de l'inflation.
"La Fed reste concentrée sur l'inflation", et ce sont ces données qui "vont déterminer si la Fed baisse ses taux en septembre ou non", souligne Krishna Guha, économiste pour Evercore, société de conseil en investissements.
Les acteurs du marché sont de plus en plus nombreux à anticiper une première baisse des taux pour novembre, et non plus pour septembre. Et plus de la moitié d'entre eux voient une seule baisse ou pas de baisse du tout en 2024, selon l'évaluation de CME Group.
"S'il n'est pas inhabituel que les décideurs de la Fed se montrent extrêmement prudents à l'approche du début d'un nouveau cycle de politique monétaire, l'attention et le débat autour du calendrier de la première baisse des taux de la Fed sont devenus excessifs", relève encore Gregory Daco.
Le temps fort de la réunion de la Fed sera la publication des prévisions économiques actualisées. Les responsables de l'institution diront notamment s'ils envisagent toujours de baisser les taux en 2024, et à combien de reprises.
Daniel Vernazza, chef économiste pour UniCredit Bank, dit ainsi s'attendre à ce que les responsables de la Fed envisagent majoritairement "deux réductions de taux cette année, contre trois" lors de la réunion de mars.
"Mais il ne serait pas surprenant" non plus, selon lui, qu'ils ne tablent que sur "une seule réduction cette année".
La Banque centrale européenne (BCE) a elle abaissé jeudi ses taux directeurs pour la première fois depuis 2019, mais a aussi prévenu que la suite serait incertaine en raison de la volatilité de l'inflation. Servant de référence en zone euro, le taux sur les dépôts a été ramené à 3,75%.
Après un rebond début 2024, l'inflation aux Etats-Unis est restée stable en avril à 2,7% sur un an, selon l'indice PCE privilégié par la Fed, et a même reculé selon l'indice CPI -sur lequel sont indexées les retraites -, à 3,4% sur un an.
La croissance au premier trimestre a ralenti à 1,3% en rythme annualisé, suivant enfin la courbe souhaitée par la Fed, dont les hausses de taux visent à provoquer un ralentissement volontaire de l'activité économique, afin de desserrer la pression sur les prix.
Les chiffres de l'emploi publiés vendredi, cependant, laissent planer le doute quant à l'évolution de l'économie.
Le taux de chômage a certes grimpé à 4% en mai,repassant au-dessus de cette barre symbolique pour la première fois depuis janvier 2022. Mais les créations d'emploi ont elles été bien plus nombreuses qu'attendu.
"Ce rapport mitigé compliquera le travail de la Fed", alors qu'"un rapport plus mesuré" était attendu, et "aurait renforcé la confiance dans le bien-fondé d'une baisse des taux en juillet ou en septembre", a ainsi averti Julia Pollak, cheffe économiste du site d'annonces d'emploi ZipRecruiter.
La réunion du comité de politique monétaire de la Fed, le FOMC, débutera mardi matin, et s'achèvera mercredi à la mi-journée. Un communiqué sera publié à 14H00 (18H00 GMT), et le président, Jerome Powell, tiendra une conférence de presse une demi-heure plus tard.