WASHINGTON (Reuters) - Le coup d’arrêt subi par l’économie américaine et les dépenses liées à l’épidémie de coronavirus vont multiplier par près de quatre le déficit budgétaire des Etats-Unis, qui pourrait atteindre cette année 3.800 milliards de dollars (3.480 milliards d’euros), soit 18,7% du produit intérieur brut (PIB), a annoncé lundi le Committee for a Responsible Federal Budget (CRFB), un groupe de réflexion de Washington.
Le CRFB prévoit un déficit de 2.100 milliards de dollars pour l’exercice 2021 et un déficit moyen de 1.300 milliards d’ici 2025.
Ces estimations sont rendues publiques trois jours après l’annonce par le Trésor d’un déficit budgétaire de 744 milliards de dollar pour les six premiers mois de l’exercice 2020, qui s’achèvera fin septembre.
Le CRFB, qui réunit d’anciens membres du Congrès, des ex-hauts fonctionnaires et des économistes, s’attend à ce que la dette publique des Etats-Unis dépasse 100% du PIB fin septembre contre un peu moins de 80% avant le début de l’épidémie.
“Il est pratiquement certain que ces projections sous-estiment les déficits car elles supposent qu’aucun nouveau texte de loi ne sera mis en application pour répondre à la crise et que les décideurs politiques s’en tiendront aux textes en vigueur en matière de fiscalité et de dépenses”, explique-t-il dans un communiqué.
Les prévisions du CRFB s’appuient aussi sur l’hypothèse d’une reprise soutenue en 2021 et celle d’un retour d’ici 2025 à la trajectoire économique qui prévalait avant l’épidémie.
Sur la base de ces hypothèses, la dette publique représenterait 107% du PIB à la fin de l’exercice budgétaire en cours, soit plus qu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Une reprise plus lente que prévu pourrait même la porter à 117% du PIB d’ici 2025, précise le CRFB.
Le record de déficit budgétaire annuel aux Etats-Unis remonte à 2009 avec 1.410 milliards de dollars. L’exercice 2019 s’est soldé par un déficit de 984 milliards et le Congrès prévoyait initialement pour 2020 un déficit de 1.070 milliards.
Le CRFB est parti de cette hypothèse et a pris en compte environ 2.200 milliards de dollars de nouvelles dépenses et 570 milliards de pertes de recettes liées à la baisse de l’activité économique.