La Réserve fédérale de New York lance ce mardi un nouveau taux d’intérêt de référence censé se substituer au Libor et les professionnels espèrent qu’il se révèlera plus fiable que ce dernier à l’issue d’une longue et difficile période de transition.
Le Secured Overnight Financing Rate (SOFR) constitue la première étape d’un projet visant à faire progressivement de ce taux l’étalon d’une masse toujours plus grande de dérivés en lieu et place du Libor (London Interbank Offered Rate), lequel poserait un risque systémique s’il n’était plus publié du jour au lendemain, de l’avis des régulateurs.
La baisse des financements interbancaires sape la fiabilité du Libor, qui repose parfois sur des estimations plutôt que sur les transactions réelles.
Le SOFR s’appuie lui sur le marché des prises en pension (repos) à 24 heures du Trésor américain, dont le volume quotidien est de l’ordre des 800 milliards de dollars.
“Il s’appuiera sur un très solide volume de transactions; je ne pense pas que l’on retrouvera une bonne partie des problèmes et de la volatilité inconnue autour du Libor”, a dit Blake Gwinn, stratège taux de NatWest Markets.
Se détacher du Libor ne sera sans doute que progressif et difficile toutefois.
En particulier, il n’existe pas encore de marché pour des échéances à un mois ou à trois mois, à la différence du gisement du Libor.
“On a du mal à imaginer comment on pourrait aboutir à une méthode de calcul similaire pour un taux à terme et c’est ce qui fait toute la différence pour ce qui est d’adopter en toute sérénité le SOFR au détriment du Libor”, observe Thomas Simons, économiste du marché monétaire de Jefferies.
Développer la liquidité des dérivés prenant ce taux pour base prendra du temps. CME Group lancera des futures sur le SOFR le 8 mars, tandis que les gros intermédiaires financiers assureront des transactions de swaps dans le courant de l’année.
Les investisseurs devront aussi lisser la volatilité quotidienne du marché des repos, dont les taux ont l’habitude de monter avant les règlements mensuels et trimestriels.
“Beaucoup n’ont pas vraiment suivi de très près le marché des repos et certaines de ses variations mensuelles”, a observé Brian Cabana, responsable de la stratégie taux cours de Bank of America Merrill Lynch.
“Au jour le jour, ce sera plus volatil; en lissant sur trois mois ce sera encore volatil pareillement”, ajoute-t-il. (Reuters).