(AFP) - La Banque centrale américaine a modestement relevé mercredi son taux d'intérêt mais suggère qu'elle va ralentir les hausses l'an prochain, selon un communiqué du Comité monétaire de la Fed.
Lors d'une réunion monétaire sous haute pression, alors que le président américain Donald Trump critique vigoureusement les hausses de taux, la Fed a relevé d'un quart de point de pourcentage le taux d'intérêt au jour le jour. Il se situe désormais entre 2,25% et 2,50%.
C'est la quatrième hausse de l'année et la septième depuis que Donald Trump est au pouvoir.
Pour 2019, la Fed, qui a abaissé sa prévision d'inflation et de croissance du PIB américain et qui dit surveiller l'évolution de l'économie mondiale, va ralentir le nombre de relèvements à deux au lieu de trois, selon les projections des membres du Comité monétaire (FOMC).
Dans le communiqué, elle a changé un peu de vocabulaire pour dire que seulement "quelques" hausses graduelles à l'avenir seront opportunes pour soutenir une expansion durable.
Ces taux, quoique restant historiquement bas, s'établissent mercredi à leur plus haut point depuis douze ans, alors que la Fed a conduit une politique de taux à zéro pendant presque huit ans pour soutenir la reprise après la crise financière.
Le Comité monétaire justifie ce nouveau tour de vis par la bonne santé de la première économie mondiale avec des gains d'emplois "solides", des dépenses de consommation "fortes".
Mais c'est sur le front international, où se jouent les tensions commerciales et une décélération de la croissance, comme sur celui des marchés financiers qui subissent de fortes turbulences, que la Fed signale une préoccupation.
Elle "continuera à surveiller les développements financiers et économiques mondiaux et évaluera leurs impacts pour les perspectives économiques" américaines, dit la Banque centrale.
Le Comité monétaire a un peu réduit sa projection de croissance pour cette année à 3% au lieu de 3,1% précédemment, et surtout pour 2019 à 2,3% contre 2,5%.
L'inflation va être aussi moins soutenue que précédemment estimée, passant un peu en dessous de la cible de 2% de la Fed, à 1,9% en 2018 comme l'année prochaine.
La Fed a donc tenu parole sur sa dernière hausse de l'année malgré les protestations de Donald Trump -- qui avait pressé la banque centrale, dans un tweet la veille, de ne pas commettre "une nouvelle erreur" en rehaussant le coût du crédit.
Des taux plus hauts entraînent un renforcement du dollar, ce qui contrecarre les objectifs de réduction du déficit commercial. Ils ralentissent le marché immobilier et ont fait trembler Wall Street, dont le succès euphorique jusqu'ici a été la fierté de Donald Trump.
Les marchés devraient toutefois être rassurés par l'attitude plus "colombe" ou accommodante que le Comité monétaire adopte pour l'année prochaine et pour 2020.
Les taux devraient atteindre 2,9% l'année prochaine (au lieu de 3,1% précédemment projetés) et s'élever à 3,1% en 2020 (contre 3,4% projetés auparavant).
Jerome Powell, président de la Fed depuis moins d'un an et qui a subi les vives critiques de Donald Trump, a obtenu un vote à l'unanimité pour confirmer cette dernière hausse de l'année qui était largement attendue par les marchés.