WASHINGTON (Reuters) - La Réserve fédérale américaine a promis mercredi de continuer à injecter des liquidités dans l’économie et sur les marchés financiers pour combattre le risque de récession, même si ses dirigeants sont un peu plus optimistes pour l’an prochain grâce au déploiement du premier vaccin autorisé contre le coronavirus.
La banque centrale des Etats-Unis a réaffirmé son engagement à maintenir le taux des fonds fédéraux (“fed funds”) à un niveau quasi nul jusqu’à ce que la reprise économique soit complète mais elle a ajouté que ses achats de titres sur les marchés étaient désormais eux aussi liés à cet objectif.
“Ces mesures conjuguées permettront à la politique monétaire de continuer à assurer un soutien puissant à l’économie jusqu’à ce que la reprise soit complète”, a déclaré le président de la Fed, Jerome Powell, lors d’une conférence de presse.
Les achats de titres réalisés par la banque centrale se poursuivront donc au rythme actuel de 120 milliards de dollars (99 milliards d’euros) par mois “jusqu’à ce que des progrès supplémentaires substantiels aient été accomplis vers les objectifs de plein emploi et de stabilité des prix” qu’elle s’est fixés, explique-t-elle dans un communiqué adopté à l’unanimité.
Cette évolution correspond à la plus graduelle des options que pouvait envisager la Fed à partir du moment où ses responsables revoyaient leurs prévisions économiques à la hausse: leur prévision médiane de croissance du produit intérieur brut (PIB) américain pour 2021 atteint désormais 4,2%, contre 4% en septembre, tandis que leur prévision de taux de chômage pour la fin 2021 a été ramenée de 5,5% à 5%.
La Fed n’a apporté aucune modification à la répartition de ses achats par catégories d’actifs et par maturités, un changement sur lequel tablaient une partie des observateurs. Jerome Powell a toutefois rappelé qu’une telle modification restait possible.
“On s’attendait éventuellement à une extension des maturités des achats d’actifs. Ils n’ont pas fait ce choix-là”, a commenté Kathy Bostjanvic, économiste en chef d’Oxford Economics pour les Etats-Unis.
POWELL SOULIGNE LA LENTEUR DE LA REPRISE DE L’EMPLOI
“Mais ces indications sur l’évolution future du QE (quantitative easing, assouplissement quantitatif) sont assez fortes (...) Cela apporte plus de clarté, ce qui est une bonne chose.”
La Fed s’engageait auparavant seulement à poursuivre ses achats “au cours des mois à venir”, sans donner d’indications sur les critères en fonction desquels elle pourrait les réduire ou les arrêter.
L’objectif de taux des “fed funds”, principal instrument de sa politique monétaire, reste fixé entre zéro et 0,25%, comme attendu.
Le dollar a effacé ses pertes face aux autres grandes devises internationales juste après la publication du communiqué de politique monétaire avant de rapidement rétrocéder ses gains.
Sur le marché obligataire, le rendement des bons du Trésor à dix ans a pris jusqu’à plus de trois points de base en quelques minutes, montant à près de 0,95%, avant de revenir sous 0,92% en fin de séance.
A Wall Street, l’indice Standard & Poor’s 500 gagnait 0,32% à moins de 20 minutes de la clôture.
La Fed a annoncé ses décisions alors que le Congrès semblait se rapprocher d’un compromis sur un plan de relance économique de 900 milliards de dollars, jugé indispensable par beaucoup d’observateurs pour pallier l’expiration le 26 décembre de plusieurs dispositifs exceptionnels d’indemnisation du chômage.
Jerome Powell a jugé que le rythme de la reprise restait trop lent et rappelé que le nombre d’Américains qui occupent un emploi ou qui en cherchent un était toujours inférieur à son niveau d’avant la crise sanitaire.
“Même si la situation sur le marché du travail s’est beaucoup améliorée depuis le printemps, nous ne perdrons pas de vue les millions d’Américains qui restent sans emploi”, a-t-il assuré.