Donald Trump et Vladimir Poutine ont convenu mercredi de lancer des négociations "immédiates" pour mettre fin au conflit en Ukraine, et promis de se rendre visite dans leurs pays respectifs, lors d'un spectaculaire échange qui rebat les cartes après trois années de guerre.
La Russie et les Etats-Unis vont commencer "immédiatement" à négocier sur l'Ukraine, a affirmé le président américain sur son réseau Truth Social, ajoutant avoir eu une "conversation prolongée et très productive" avec son homologue russe.
De son côté, Vladimir Poutine a dit à Donald Trump vouloir trouver une "solution de long terme" au conflit ukrainien via des "pourparlers de paix", a annoncé le Kremlin, parlant d'un appel téléphonique de près d'une heure et demie.
Dans la foulée, le président américain a informé son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.
Cette chronologie - Vladimir Poutine d'abord, Volodymyr Zelensky ensuite - souligne la rupture, dans le ton et sur le fond, avec la politique de soutien à l'Ukraine de l'ancien président Joe Biden.
Le démocrate, qui a fait des Etats-Unis le premier soutien militaire de Kiev tout en orchestrant la réponse occidentale à l'invasion russe de février 2022, n'avait de cesse de dénoncer "l'agression" de la Russie, une terminologie totalement absente dans les déclarations de son successeur républicain.
"La conversation s'est très bien passée. (Volodymyr Zelensky), comme le président Poutine, veut faire la PAIX", a écrit Donald Trump dans une autre publication, ajoutant que le président ukrainien échangerait vendredi à Munich, en Allemagne, avec son vice-président J.D. Vance et le secrétaire d'Etat Marco Rubio.
Pour sa part, le chef d'Etat ukrainien a souligné qu'ils avaient "longuement parlé des possibilités de parvenir à la paix".
Les Européens redoutent qu'un éventuel accord de paix se fasse sans eux et au détriment de Kiev.
Les chefs de la diplomatie espagnole, allemande et française ont affirmé mercredi à Paris qu'aucune décision sur l'Ukraine ne pouvait se prendre "sans Kiev" et sans la participation des Européens.
Mais le président Trump se montre déterminé à accélérer les négociations.
"Nous voulons mettre fin aux millions de morts liées à la guerre Russie/Ukraine. Le président Poutine a même utilisé mon très percutant slogan de campagne: +BON SENS+. Nous y croyons tous deux très fortement", s'est-il félicité, en rapportant ce premier échange avec le président russe depuis son retour au pouvoir le 20 janvier.
Les deux dirigeants ont également convenu de se rendre visite dans leurs pays respectifs, selon le président américain.
Barack Obama est le dernier président à s'être rendu sur le sol russe, en 2013, pour participer au G20 de Saint-Pétersbourg.
La dernière rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine, particulièrement mémorable, avait eu lieu à Helsinki en Finlande en 2018.
L'appel téléphonique survient au lendemain de la libération par la Russie d'un Américain, Marc Fogel, condamné à 14 ans de prison pour possession de drogue. En retour, les Etats-Unis ont accepté de libérer le Russe Alexander Vinnik, condamné pour des crimes liés aux cryptomonnaies.
Mercredi, Washington a aussi annoncé la libération de trois personnes "détenues" au Bélarus, dont une de nationalité américaine.
Dans le même temps, à Bruxelles mercredi où il a participé à une réunion de ses homologues de l'Otan, le ministre américain de la Défense a déjà clairement tracé les lignes rouges de Washington sur l'Otan et l'Ukraine.
Pete Hegseth a jugé "irréaliste" d'envisager un retour de l'Ukraine à ses frontières d'avant 2014, c'est-à-dire comprenant la Crimée.
De même, une adhésion de l'Ukraine à l'Alliance atlantique à l'issue de négociations de paix, n'est "pas réaliste", a-t-il dit, douchant les espoirs de Kiev.
Les pays européens devront à l'avenir assurer l'"écrasante" part de l'aide civile et militaire à l'Ukraine, a-t-il encore lancé, en assurant par ailleurs que si des troupes de maintien de la paix sont déployées à un certain moment, cela ne pourra pas être fait sous l'égide de l'Otan.