TOKYO (Reuters) - Le directeur général de Nissan, Hiroto Saikawa, qui a admis avoir bénéficié de primes indues, démissionnera le 16 septembre, un nouveau bouleversement dans la crise qui secoue le constructeur japonais, fragilisé par le scandale Carlos Ghosn et des résultats financiers en chute libre.
Il sera remplacé à titre provisoire par le directeur général adjoint Yasuhiro Yamauchi, a déclaré lundi à la presse le président du constructeur automobile japonais, Yasushi Kimura.
“Saikawa a récemment indiqué qu’il penchait pour une démission et, conformément à sa volonté de passer le relais à une nouvelle génération de dirigeants chez Nissan, il démissionnera le 16 septembre”, a dit Yasushi Kimura.
Nissan souhaite désigner un successeur à Hiroto Saikawa d’ici fin octobre et les recherches sont déjà lancées.
Parmi les candidats potentiels figurent des non-Japonais, des femmes et des dirigeants de Renault, a précisé le président du comité de nomination de Nissan, Masakazu Toyoda.
Cette disgrâce constitue une difficulté supplémentaire pour Nissan car Hiroto Saikawa avait pour mission de redresser le groupe à la suite de l’arrestation en novembre dernier de Carlos Ghosn pour des accusations de malversations financières que ce dernier rejette.
Son bref mandat a cependant été marqué par des tensions avec Renault, principal actionnaire et partenaire d’alliance de Nissan, et par une chute des bénéfices du constructeur japonais.
Nissan a annoncé en juillet qu’il allait supprimer 12.500 emplois à travers le monde d’ici la fin de son exercice 2022-2023 et prévenu que son redressement prendrait du temps.
La dégradation des relations avec Renault a été une source d’inquiétudes pour les investisseurs, jetant un doute sur l’avenir de l’alliance dont Carlos Ghosn était l’architecte, alors que le secteur doit faire face à de lourds investissements en raison du basculement vers la voiture électrique et autonome.
Le journal Les Echos here rapporte toutefois lundi sur son site internet que les relations entre Renault et Nissan "ont semblé se réchauffer au cours d'un été plutôt studieux", marqué par des discussions au cours desquelles "même les dossiers les plus sensibles ont été mis sur la table".
Parmi ces sujets épineux, Renault pourrait accepter de réduire sa participation dans Nissan; l’accord qui régit leurs relations depuis 1999 pourrait être abandonné; et un rapprochement avec Fiat Chrysler, auquel serait cette fois associé Nissan, reste “en ligne de mire”, est-il écrit dans Les Echos.
En conférence de presse au Japon, Hiroto Saikawa a présenté ses excuses lundi pour ne pas être parvenu à résoudre les problèmes du constructeur avant sa démission. Il a aussi promis de restituer les sommes indûment perçues, bien qu’elles ne soient pas illégales.
La révélation de cette rémunération excessive, constatée à la suite d’une enquête interne ayant mis au jour de nouvelles infractions aux procédures internes de Nissan, a ouvert un front supplémentaire dans la crise que traverse le constructeur et semble avoir accéléré la mise à l’écart d’Hiroto Saikawa.
Le comité de nomination, créé en juin pour trouver un successeur au directeur général de Nissan, est composé de six membres extérieurs, dont le président de Renault, Jean-Dominique Senard. Il a établi une liste d’une dizaine de candidats potentiels.
Parmi ces candidats figurent Jun Seki, chargé de superviser le rétablissement de Nissan; Yasuhiro Yamauchi, responsable de la compétitivité; et Makoto Uchida, le président du comité de direction de Nissan en Chine, a déclaré à Reuters une source proche de l’alliance.
Jun Seki, 58 ans, qui a supervisé auparavant le développement des activités de Nissan en Chine, désormais premier marché du groupe, est considéré comme le favori.
Yasuhiro Yamauchi, particulièrement apprécié chez Renault, est pour sa part perçu comme celui pouvant faire le lien entre les deux partenaires. Il a notamment permis aux deux constructeurs d’acheter davantage de pièces détachées en commun.