NEW YORK (Reuters) - Wall Street a terminé sur une note baissière une séance agitée mercredi, dans le sillage des valeurs high techs qui ont passé une mauvaise journée, tandis que les valeurs défensives, recherchées en période de forte volatilité, sont venues elles limiter les dégâts.
C’est ainsi qu’Amazon.com a perdu plus de 50 milliards de dollars de capitalisation en cours de séance, à la suite d’une information voulant que le président Donald Trump ait le géant du commerce électronique dans le collimateur et songe à modifier son régime fiscal.
Amazon est parvenu à réduire ses pertes et finit sur un recul de 4,4%.
Les malheurs d’Amazon ont fait le bonheur des magasins “en dur”. L’indice S&P des grands magasins affiche ainsi un gain de 2,95%.
L’indice Dow Jones a perdu 9,29 points (0,04%) à 23.848,42 points. Le S&P-500 a cédé 7,62 points (0,29%) à 2.605 points. Le Nasdaq Composite a reculé de 59,58 points (0,85%) à 6.949,23 points.
Les grands indices sont bien partis pour réaliser leur plus mauvaise performance mensuelle depuis janvier 2016, plombés par les craintes d’un conflit commercial entre la Chine et les Etats-Unis et par la remontée des taux d’intérêt américains.
La Chine va bientôt annoncer une liste de droits de douane sur les exportations américaines, en représailles aux mesures de rétorsion que les Etats-Unis vont imposer sur les importations chinoises, rapporte mercredi le Global Times.
Au plan des indicateurs, la croissance de l’économie américaine a ralenti moins fortement que ne le suggéraient les premières estimations au quatrième trimestre 2017, le dynamisme de la consommation des ménages compensant partiellement l’effet négatif de la hausse des importations.
Le produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis a progressé de 2,9% en rythme annualisé contre une précédente estimation de 2,5%, a annoncé mercredi le département du Commerce en publiant ses chiffres définitifs. Cela marque un léger ralentissement par rapport au taux de 3,2% enregistré au trimestre précédent.
Une statistique qui n’a guère ému la Bourse.
“Je pense qu’on s’accorde à penser que l’économie va bien et ce chiffre le prouve mais il est difficile de savoir ce que le marché a déjà intégré par rapport à ce qu’on anticipe”, a dit Peter Tuz (Chase Investment Counsel). “On est surtout nerveux pour le moment, si vous voulez mon avis”.
Toujours dans le compartiment des high techs, Apple a cédé 1,1%, un analyste de Goldman Sachs ayant réduit sa prévision de vente d’iPhones sur les trimestres clos fin mars et fin juin, évoquant le manque de dynamisme de la demande.
Coup dur pour Tesla qui lâche 7,7%, le spécialiste de la voiture électrique ayant subi un déclassement par Moody’s Investors Service et subissant les effets d’une enquête ouverte par le National Transportation Safety Board sur un accident fatal survenu la semaine dernière en Californie.
En revanche Facebook a repris 0,5% après avoir perdu une centaine de milliards de dollars de capitalisation en l’espace d’une dizaine de jours. Le réseau social, pris dans la tourmente d’une affaire de siphonnage de données personnelles, a annoncé mercredi des mesures censées permettre à ses utilisateurs de mieux contrôler le contenu de leur compte.
Les pertes des high techs ont été contrebalancées par les gains des secteurs des biens de consommation de première nécessité, de l’immobilier, des télécoms et de la santé.
La plus forte perte sectorielle revient aux valeurs de l’énergie (-1,99%), plombées par un marché pétrolier affecté par une hausse inattendue des stocks de brut américains.
Le volume a été de 6,96 milliards de titres échangés contre une moyenne des 20 dernières séances de 7,36 milliards.
Sur le marché des changes, le dollar a inscrit un pic d’une semaine face à un panier de devises de référence - après son plancher de cinq semaines de la veille - soutenu par des achats de fin de trimestre et par le sentiment qu’il n’y aura finalement pas de conflit commercial d’envergure.
Des achats de fin de trimestre également, aux fins de rééquilibrage des portefeuilles, et une demande de sécurité ont poussé le rendement de l’emprunt américain à 10 ans à un plancher de sept semaines de 2,743% en séance.
En revanche, une adjudication de 29 milliards de dollars de notes à sept ans - dernière étape d’une offre de papier record de 294 milliards de dollars cette semaine - n’a suscité qu’une demande timide, ce qui a eu pour effet de faire remonter les rendements courts.
Le spread entre le deux et le 30 ans a rétréci à 72 points de base, le plus faible depuis septembre 2007, selon des données Tradeweb et Reuters.