Nasser Bourita, ministre délégué aux Affaires étrangères, a tenu une conférence de presse au siège du ministère à Rabat, ce vendredi matin, pour expliciter la position du Maroc vis-à-vis des derniers développements relatifs au dossier du Sahara, et plus particulièrement l’attitude de Ban Ki-moon. Selon le ministre, Ban Ki-moon est l’auteur de 4 erreurs, qui ne sont pas de simples dérapages verbaux, lors de sa tournée dans les camps de Tindouf et à Alger début mars.
1/ Il a utilisé le terme "occupation". Un terme "grave" qui est une erreur du point de vue juridique (accords internationaux de La Haye 1907). C’est également une faute du point de vue politique : car quand il y a occupation, il n’y a pas de négociations possibles, puisque l’occupant doit partir. Par ailleurs, les 5 SG de l’ONU qui ont précédé Ban Ki-moon n’ont jamais utilisé ce terme. En outre, depuis 1980, l’AG de l’ONU n’a jamais mentionné ce terme en 35 résolutions.
N. Bourita explique qu’en utilisant le mot «occupation», Ban Ki-moon change le statut juridique des parties impliquées dans le dossier : il y aurait une victime et un bourreau.
2/ La visite non programmée du SG de l’ONU à Bir Lahlou. Trois jours avant la tournée de Ban Ki-moon, Christopher Ross a confirmé aux autorités marocaines que la visite de Bir Lahlou n’était pas au programme (Bir Lahlou se situe à l’Est du mur de défense qui est une zone tampon, ndlr). La visite de Bir Lahlou par le SG de l’ONU, avec des membres du Polisario, dont un en uniforme, n’est pas juste un fait symbolique. En s'y rendant en partant de Tindouf, l’idée était de montrer qu’il y a une continuité territoriale entre Tindouf et Bir Lahlou. C’est inacceptable pour le Maroc, a déclaré Nasser Bourita.
3/ Ban Ki-moon a dit à Alger que le référendum pouvait être réactivé. Depuis 2004, le Conseil de sécurité de l’ONU et l’Assemblée générale ne font plus référence au référendum dans leurs résolutions. Le SG de l’ONU est donc sorti de sa mission de «facilitateur». «Le Conseil de sécurité est le gestionnaire du dossier, le SG n’en est que le maitre d’œuvre»; il n’a pas à sortir des limites fixées par le Conseil de sécurité.
4/ Le SG de l’ONU a fait un "V" de la victoire à Tindouf, outrepassant son devoir de neutralité et sa mission. «C’est le V de la victoire de qui et contre qui ?», s’interroge N. Bourita.
Le ministre a par ailleurs déclaré que l'attitude du SG de l’ONU à la réaction marocaine en dit long également : en affirmant qu’il y a eu un malentendu et que les propos qu’il a tenus lors de sa tournée étaient un avis personnel, le SG est sorti de ses prérogatives. «Le SG n’a pas à avoir un avis personnel. Il a une responsabilité, un mandat précis, encadré par des règles claires».
Les dernières mesures prises par les autorités marocaines
• Minurso : Le contingent civil, constitué de 84 personnes, va quitter le territoire dans les trois jours. Les 230 personnes militaires de la Minurso restent. «Le Maroc est conscient de la mission de maintien de cessez-le feu de la Minurso. Seul le contingent civil est touché, car ce sont eux qui ont produit des rapports contre les intérêts du Royaume, et se sont rendus coupables de nombreux dérapages, outrepassant leur mandat», estime Bourita. «La Minurso n’a pas à avoir un rôle politique», affirme-t-il.
• L’aide (financée par le contribuable) à la Minurso sera arrêtée, avec l'annulation de la contribution volontaire du Maroc au fonctionnement de la Minurso.
• Concernant le retrait du contingent de soldats marocains sous mandat de l’ONU (au Congo, en Centrafrique et en Côte d’Ivoire), "la décision est encore à l’étude", précise Bourita.