La banque centrale russe a abaissé son principal taux directeur de 14% à 11% pour amortir notamment les conséquences du renforcement du rouble, au moment où les autorités bataillent avec les sanctions imposées à cause de l'offensive contre l'Ukraine.
"Les conditions externes pour l'économie russe restent difficiles, ce qui réduit considérablement l'activité économique", souligne l'institution monétaire dans un communiqué, évoquant "la dynamique du cours du rouble" et "l'affaiblissement de la pression inflationniste" pour expliquer sa décision.
"Les risques pesant sur la stabilité financière se sont un peu allégés, permettant d'assouplir les mesures de contrôle des capitaux", souligne la BCR, qui n'exclut pas d'autres baisses de son taux à l'avenir.
La prochaine réunion de l'institution est prévue le 10 juin.
"Nous doutons qu'une baisse des taux permettra de stimuler l'entrée de capitaux, affectée par le gel des actifs financiers des étrangers en Russie et des Russes à l'étranger. Toutefois, un taux moins élevé est plus approprié dans les circonstances actuelles", a estimé Alfa-Bank dans une note.
La baisse du taux directeur doit en effet en principe avoir une influence sur le cours du rouble, les emprunts devenant moins attractifs pour les investisseurs, ce qui affaiblit la devise.
"La force du rouble est le reflet des prix élevés du pétrole et de l'énergie, mais surtout de la chute des importations due aux sanctions", a observé dans une note Timothy Ash, de Bluebay Asset Management.
"Cela suggère que la croissance va continuer à être malmenée, il est probable qu'il y ait une profonde récession cette année. Une devise forte n'aidera pas et pèsera sur les revenus des exportations de pétrole qui vont dans le budget".
Mercredi, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a assuré que le gouvernement suivait de près la situation autour de la devise russe.
Cette dernière, qui tournait autour de 80 roubles pour un dollar et 90 roubles pour un euro avant le 24 février, jour de l'entrée des troupes russes en Ukraine, s'est d'abord fortement affaiblie, avant de se ressaisir à partir du 9 mars et d'atteindre des niveaux qui n'avaient plus été observés depuis 2018 pour le dollar et 2015 pour l'euro.
La banque centrale russe a en effet mis en place de sévères contrôles de capitaux.
La devise russe a aussi profité de l'ouverture de comptes en roubles par une grande partie des entreprises étrangères clientes du géant gazier russe Gazprom afin de régler leurs achats de gaz, en dépit des mises en garde de l'Union européenne sur le fait que ce mécanisme revenait à contourner les sanctions imposées à la Russie.
Lundi, le ministère des Finances a annoncé la réduction prochaine de la proportion des revenus des exportateurs russes qu'ils devaient transformer en roubles, de 80% à 50%, signe d'un allégement des mesures de contrôle des changes mises en place par les autorités pour empêcher un effondrement de leur devise nationale.
Jeudi vers 11H00 (08H00 GMT), soit après l'annonce de la BCR,l'euro s'échangeait à 63,3 roubles, en hausse de 2,7 roubles, et le dollar à 60,8 roubles soit 1,54 rouble de plus que la veille.