NEW YORK (Reuters) - Wall Street a largement récupéré mercredi du coup de massue reçu à la veille de Noël, avec un Dow Jones qui, pour la première fois, a gagné plus de 1.000 points en séance, tandis que le S&P-500 a enregistré son gain en pourcentage le plus élevé depuis plus de neuf ans, alors même qu’il avait frôlé le “bear market”.
Les trois grands indices ont réalisé leurs gains en pourcentage les plus élevés depuis mars 2009.
Le gouvernement américain s’est employé à apaiser des investisseurs déstabilisés par un contexte politique tendu à Washington, et encore aggravé par le “shutdown” (fermeture) des administrations fédérales américaines.
Ces derniers ont en outre salué la bonne performance de la distribution en cette fin d’année.
“Le marché tel qu’on l’avait laissé (lundi) était extrêmement survendu”, constate Brett Ewing (First Franklin Financiers Services”. “Difficile de dire que la correction est finie mais ce qui s’est passé aujourd’hui donne un signal très positif”.
Wall Street avait commencé la séance dans le rouge, risquant ainsi d’inscrire une cinquième journée de pertes d’affilée avec un indice S&P-500 qui, à deux points près, aurait pu se retrouver en “bear market” (soit 20% de perte sur son record de clôture de fin septembre), avant de remonter brutalement en début d’après-midi, emmmenée par les valeurs de la technologie et de la distribution.
La vive remontée des cours du pétrole a également incité les investisseurs à revenir sur des actifs risqués tels que les actions.
L’indice Dow Jones a gagné 1.086,25 points, soit 4,98%, à 22.878,45 points. Le S&P-500, plus large, a pris 116,60 points (4,96%) à 2.467,70 points. Le Nasdaq Composite a avancé de 361,44 points, soit 5,84%, à 6.554,36 points.
Le précédent record en points du Dow Jones - soit 936,42 points - remontait au 13 octobre 2008, époque de crise financière où la Bourse jouait presque quotidiennement aux montagnes russes. Sur les deux séances qui suivirent, le Dow perdit plus de 800 points.
“On dirait un rally de ‘bear market’; habituellement ça ne dure pas très longtemps mais là ça pourrait continuer jusqu’à la fin du mois”, a dit Peter Cardillo (Spartan Capital Securities).
“Nous sommes dans un ‘bear market’ et quand ça se produit, tout le marché devient abordable; les investisseurs vont sans doute rechercher des valorisations basses parce que c’est un bon moyen d’entrer sur le marché sans trop de soucis”.
Pour Brett Ewing, les vendeurs à découvert ont peut-être couvert leurs positions ce mercredi, “ce qui tend à provoquer de violents mouvements à la hausse”.
De fait, l’indice Thomson Reuters United States Most Shorted a enregistré sa plus forte hausse en pourcentage depuis qu’il existe, soit six ans.
La position de Jerome Powell à présidence de la Réserve fédérale n’est pas menacée, a déclaré mercredi le conseiller économique de la Maison blanche Kevin Hassett, alors même que le président Donald Trup a renouvelé mardi ses critiques à l’encontre d’une banque centrale qu’il juge être le “seul problème” de l’économie américaine.
“En définitive, nous pensons que seule la Fed est capable de mettre un terme à la confusion qui règne sur les marchés”, a dit Kenta Inoue, économiste de Mitsubishi UFJ Morgan Stanley Securities.
“Il est probable que la Maison Blanche tentera quelque chose dans l’intention de soulager les marchés mais il est probable aussi que les administrations fédérales resteront fermées jusqu’à la fin de l’année; en outre, le conflit commercial sino-américain ne donne aucun signe de résolution”.
Les investisseurs ont sinon apprécié que les ventes sur les deux derniers mois de 2018 aux Etats-Unis aient progressé de 5,1% à plus de 850 milliards de dollars (747 milliards d’euros) grâce à une économie robuste et aux diverses promotions, selon une étude que Mastercard a publié mercredi, soulignant qu’il s’agit de leur plus forte hausse depuis six ans.