La réunion de l'alliance composée des membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et de ses dix alliés, la troisième de ce type cette année, doit se tenir par visioconférence et débuter à 12H00 GMT (14H00 à Paris et à Vienne, siège du cartel).
"Le groupe va de manière quasi certaine prolonger les réductions actuelles de production de pétrole en mai", estime Stephen Brennock, analyste de PVM, à l'unisson de nombre d'experts.
Le club des 23 producteurs pourrait même "aller plus loin et prolonger les restrictions de l'offre jusqu'en juin", a-t-il poursuivi, en laissant éventuellement une petite marge de manoeuvre à la Russie et au Kazakhstan qui sont actuellement les seuls à avoir le droit d'augmenter à la marge leur production.
L'alliance laisse chaque jour quelque 7 millions de barils sous terre. A cela vient s'ajouter 1 million sabré par Ryad, afin de ne pas inonder le marché avec un or noir qu'il ne peut absorber en raison des dégâts économiques de la pandémie de Covid-19.
Sans une telle action, les risques de saturation des capacités de stockage, limitées, et de chute des prix, convalescents aux alentours de 60 dollars le baril mais toujours fragiles, sont bien réels.
"Nous ne devons pas exclure d'éventuelles surprises", a cependant averti Stephen Innes, anayste d'Axi, le groupe ayant à plusieurs reprises déjoué les pronostics du marché.
Après un début d'année sous de meilleurs auspices que la précédente, l'éclosion d'une troisième vague de contaminations en Europe et un virus qui se propage à grande vitesse sur des marchés porteurs pour la demande de brut comme l'Inde ont refroidi l'optimisme des producteurs et agité fortement les marchés du brut ces dernières semaines.
Dans son dernier rapport mi-mars, l'Agence internationale de l'Energie (AIE) a livré des estimations peu réjouissantes: après le choc sanitaire, la demande mondiale de pétrole devrait mettre deux ans à retrouver ses niveaux d'avant-crise, selon ses pronostics.
"Nous devons garder à l'esprit que l'environnement reste difficile, complexe et incertain", a souligné mercredi le secrétaire général de l'Opep, Mohammed Barkindo.
S'exprimant en introduction du désormais mensuel Comité de suivi de l'accord en vigueur de réduction de la production du groupe (JMMC), il a évoqué la récente volatilité des marchés qui "rappelle la fragilité des économies et de la demande de pétrole".
Dans le viseur du cartel: les risques posés par les nouveaux variants du coronavirus, le déploiement poussif des vaccins, de nouvelles mesures de confinement et le spectre de l'inflation.
"En temps normal, de telles déclarations feraient plonger les prix", a commenté Louise Dickson, de Rystad Energy, "mais elles fonctionnent aujourd'hui d'une manière inverse puisque le marché y voit le signe que l'Opep+ n'augmentera pas sa production".
Malgré de fortes divergences d'opinions en son sein, l'Opep+ a réussi depuis le printemps 2020 à garder le cap d'une politique de réouverture très progressive du robinet d'or noir basée sur la "prudence", un des termes favoris du ministre saoudien de l'Energie et chef de file de l'alliance, Abdelaziz ben Salmane.
Il s'est par ailleurs entretenu mercredi par téléphone avec la ministre américaine de l'Energie Jennifer Granholm, réaffirmant "l'importance d'une coopération internationale", selon un tweet de cette dernière. Non membres de l'accord, les Etats-Unis n'en restent pas moins les premiers producteurs du brut au monde avec 11 millions de barils produits chaque jour.
Victimes d'un petit accès de faiblesse en fin de séance mercredi, les cours du brut de référénce, le Brent et le WTI, entamaient jeudi la journée en hausse de 2%.