NATIONS UNIES (Reuters) - Emmanuel Macron a appelé mardi Donald Trump à “aller au bout de son raisonnement” sur la question des prix du pétrole, jugés excessifs par le président américain, en autorisant de nouveau l’Iran, bête noire de Washington, à en vendre.
Le locataire de la Maison blanche, qui a annoncé en mai son retrait de l’accord sur le nucléaire iranien (JCPOA) et le rétablissement progressif des sanctions américaines frappant Téhéran, a appelé les pays membres de l’Opep à arrêter “de faire monter les prix du pétrole” et à “commencer à les faire baisser”.
“Nous défendons nombre de ces pays pour rien et ils en profitent pour nous imposer des prix du pétrole plus élevés, ce n’est pas bien”, a déclaré Donald Trump à la tribune des Nations unies mardi.
Interrogé à ce sujet quelques heures plus tard lors d’une conférence de presse en marge de l’Assemblée générale de l’Onu, Emmanuel Macron a rappelé les “deux facteurs” ayant contribué à une baisse des cours du pétrole ces dernières années.
“L’un, c’était qu’il y avait moins de croissance et c’est aussi parce qu’on avait accru un peu l’offre en particulier parce que l’Iran le vendait”, a dit le chef de l’Etat français.
“Je suis sensible à la remarque du président Trump sur l’augmentation des prix du pétrole et je pense que, s’il va au bout de son raisonnement, il s’apercevra qu’il serait bon pour le prix du pétrole que l’Iran puisse le vendre”, a-t-il ajouté.
“C’est bon pour la paix et bon pour le cours mondial du prix du pétrole. Sinon il y a une impasse dans le raisonnement et moi je n’ai pas la réponse mais c’est une réalité, elle est économique, c’est la loi de l’offre et de la demande”.
“BON POUR TOUT LE MONDE”
“La position française et européenne est cohérente avec une stratégie de baisse du prix du pétrole, c’est celle qui consiste à dire ‘on est exigeants avec l’Iran mais on reste dans le cadre du JCPOA qui permet la vente de barils iraniens’, ce qui est bon pour tout le monde, et pour l’ouverture économique, et pour la société civile en Iran”, a estimé le chef de l’Etat.
En première ligne ces derniers mois avec Berlin et Londres pour tenter de convaincre Donald Trump de rester dans le cadre de l’accord de 2015, Emmanuel Macron plaide en faveur d’”un nouvel accord” à même, selon Paris, de répondre aux inquiétudes américaines et de maintenir la stabilité de la région.
Le président français propose notamment de bloquer toute activité nucléaire iranienne jusqu’en 2025, d’empêcher à plus long terme toute activité nucléaire, de stopper les activités balistiques de l’Iran et créer les conditions d’une stabilité politique dans la région.
Au lendemain d’un entretien bilatéral avec son homologue, Emmanuel Macron a estimé qu’il y avait “peu de doute” sur le fait que le président américain prendrait une nouvelle série de sanctions contre l’Iran le 4 novembre prochain.
“Nous en avons parlé et c’est une stratégie qui est assumée par les Etats-Unis qui est au fond de réduire les capacités financières du régime pour pousser un changement de stratégie et un retour à la table”, a-t-il dit. “C’est une stratégie dont je ne partage pas les prémisses parce que je considère que nous pouvons mettre plus de pression politique sans faire souffrir la population (iranienne)”.