Les turbulences sur le marché du pétrole devraient durer "trois à cinq ans" à cause du sous-investissement et de la pandémie de coronavirus, a estimé mardi le patron du géant américain des hydrocarbures ExxonMobil, lors d'un forum organisé au Qatar.
"Nous avons probablement devant nous trois à cinq années de turbulences sur les marchés (du pétrole, NDLR). La façon dont cela se manifestera au niveau des prix sera en grande partie fonction de la demande, qui est difficile à prévoir", a déclaré Darren Woods lors du Qatar Economic Forum.
Outre le sous-investissement dans la recherche de nouveaux gisements, la pandémie a "privé l'industrie de beaucoup de revenus", a-t-il estimé.
"Nous allons voir beaucoup de volatilité et de rupture sur le marché si nous n'avons pas des politiques plus réfléchies", a-t-il prédit.
Le ministre de l'Energie du Qatar, Saad Al-Kaabi, a quant à lui critiqué la "diabolisation" des compagnies pétrolières et les taxes imposées dans certains pays.
"Je n'ai pas vu les gouvernements intervenir quand (les compagnies pétrolières) perdaient de l'argent et empruntaient, quand le prix du pétrole était négatif au Texas", a-t-il déclaré.
Cheikh Nawaf Saoud Al-Sabah, vice-président de Kuwait Petroleum Corporation, a quant à lui annoncé que le Koweït débutait sa première exploration pétrolière offshore. "La première foreuse est arrivée il y a une semaine et va bientôt être mise en service", a-t-il assuré.
Le pays du Golfe construit aussi "la plus grande raffinerie au monde avec une capacité de 615.000 barils par jour" qui sera opérationnelle fin de 2022, a précisé M. Al-Sabah.
Selon lui, ce projet aidera à répondre à la demande accrue des Européens --qui depuis l'invasion de l'Ukraine cherchent à se sevrer des hydrocarbures russes-- mais aussi du reste du monde, a-t-il ajouté.
Sur le terrain gazier, le patron d'ExxonMobil s'est également rendu à Doha pour signer un accord faisant de l'entreprise le quatrième partenaire étranger dans le projet North Field East (NFE), l'extension du plus grand champ de gaz naturel au monde.
ExxonMobil a pris une part de 6,25% dans une co-entreprise avec Qatar Energy, une part équivalente à celle du français TotalEnergies. L'Italien Eni et l'Américain ConocoPhillips ont chacun pris des parts de 3,125%.
Pour le patron d'ExxonMobil, ce projet peut "rééquilibrer le marché mondial" du gaz, lui aussi affecté par la guerre en Ukraine.