Sur 68 entreprises qui ont obtenu en 2015 des prêts de la Société financière internationale (SFI), qui accorde des prêts aux compagnies privées, 51 ont fait passer cet argent par des pays considérés comme des paradis fiscaux, principalement l’île Maurice, rapporte l’ONG dans un communiqué relayé par l'AFP.
Par ce procédé, dénonce Oxfam, ces entreprises ont «déguisé (ces fonds) en investissement étranger direct», leur permettant d’obtenir des allègements fiscaux et autres avantages, là où la région la plus pauvre du monde «a désespérément besoin des impôts sur les sociétés pour investir dans les services publics et les infrastructures».
«Cela n’a aucun sens pour la Banque mondiale de dépenser de l’argent pour inciter les entreprises à investir dans le développement, si elle ferme les yeux sur le fait que ces entreprises pourraient tricher dans les pays pauvres sur les recettes fiscales qui sont nécessaires pour lutter contre la pauvreté et l’inégalité», a expliqué Susana Ruiz, conseillère en matière de politique fiscale chez Oxfam.
Dans le détail, les 51 entreprises incriminées -dont les noms n’ont pas été cités- ont reçu 84% des financements de la SFI pour la région en 2015.
Cette branche de la Banque mondiale a plus que doublé ses prêts à ces entreprises faisant transiter des fonds par des paradis fiscaux, de 1,20 milliard de dollars en 2010 à 2,87 milliards en 2015, précise Oxfam.
La destination de plus de la moitié des fonds alloués par la SFI n’est pas connue du public, fustige l’ONG, «car cela est réalisé à travers des intermédiaires financiers opaques».