(Reuters) - La Banque centrale européenne (BCE) mettra un terme à son programme de rachats d’actifs (QE) dans moins de trois mois, estiment tous les économistes interrogés par Reuters, qui jugent faible la probabilité qu’elle le prolonge en dépit de la multiplication des risques politiques et commerciaux.
Après avoir acquis depuis mars 2015 plus de 2.600 milliards d’euros d’actifs, principalement de la dette souveraine, la BCE a commencé à réduire progressivement ses achats, espérant avoir fait assez pour soutenir la croissance et l’inflation.
Cette réduction graduelle du soutien monétaire intervient alors que l’économie de la zone euro semble avoir dépassé un pic de croissance et que les tensions politiques s’accumulent.
Néanmoins, l’ensemble des 70 économistes qui ont répondu à une question supplémentaire lors du sondage (réalisé avant la présentation du projet du budget italien lundi) estime que la probabilité que la banque centrale prolonge son programme d’achats d’actifs est faible.
L’enquête Reuters qui a porté au total sur 80 économistes entre le 9 et le 15 octobre, montre également que l’inflation en zone euro devrait rester sous l’objectif de la BCE, d’un peu moins de 2%, au moins jusqu’en 2021.
Les prévisions d’inflation ressortent en moyenne à 1,7% pour cette année comme pour 2019 et 2020.
“L’essence de la stratégie de la BCE repose sur une réduction graduelle des achats nets d’actifs d’ici la fin de l’année, avec peut-être une première hausse de taux en septembre ou octobre de l’année prochaine”, a dit Carsten Brzeski, économiste chez ING.
“Toutefois, il est actuellement bien trop tôt pour répondre à ces questions. Pourquoi la BCE s’engagerait-elle alors que ce n’est pas nécessaire ? Comme l’illustrent les turbulences actuelles des marchés financiers et les doutes sur la solidité de l’économie mondiale, beaucoup de choses peuvent arriver entre maintenant et la fin de l’été 2019.”
Le compte rendu de la réunion de politique monétaire de la BCE de septembre, publié jeudi dernier, a montré que les responsables de l’institut d’émission restaient confiants sur la résistance de l’économie en zone euro.
PAS DE PRÉCIPITATION DANS LA HAUSSE DES TAUX
La BCE pourrait décider de relever au troisième trimestre de l’an prochain le taux de dépôt de 15 points de base, pour le porter à -0,25%. Le taux de refinancement pourrait être ensuite relever de 10 points de base en fin d’année, à 0,1%, selon l’enquête de Reuters.
La prochaine réunion de politique monétaire de la BCE est prévue le 25 octobre.
“La BCE doit maintenant donner des détails sur le processus de réinvestissement et peut-être actualiser le pilotage des anticipations, et nous nous attendons à ce cela soit perçu comme accommodant”, explique Ebrahim Rahbari, directeur de l’équipe chargée de la macroéconomie chez Citi à New York.
“Malgré les récents propos interprétés comme plus restrictifs, il semble très peu probable que la BCE envisage de relever ses taux avant septembre 2019.”
L’économie de la zone euro devrait croître de 0,4% à chaque trimestre jusqu’à la fin 2019.
La croissance devrait s’élever autour de 2% cette année, soit un peu moins que la progression de 2,1% attendue le mois dernier par le consensus. Un chiffre en ligne avec les projections du Fonds monétaire international (FMI), revues à la baisse la semaine dernière.
Selon l’enquête Reuters auprès des économistes, la croissance de la zone euro est attendue à 1,8% l’an prochain, puis à 1,6% en 2020, des prévisions inchangées par rapport à la précédente.
La probabilité estimée médiane d’une récession en zone euro l’an prochain est évaluée à 15%, et à 25% sur les deux prochaines années, sans changement par rapport au sondage réalisé en août.