Lundi 15 Octobre 2018

Lafarge: Une partie des indemnités de Bruno Lafont saisie

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PARIS (Reuters) - La justice française a saisi une partie des indemnités de départ de l’ancien PDG de Lafarge, Bruno Lafont, mis en examen pour financement d’une entreprise terroriste dans l’affaire de la cimenterie syrienne du groupe, a-t-on appris lundi de source proche du dossier, confirmant des informations de France Inter.

Selon cette source, Bruno Lafont avait accepté de quitter début 2017 le groupe LafargeHolcim né de la fusion entre le cimentier français et le groupe suisse Holcim en échange de ces indemnités et de l’assurance que son nom ne serait pas cité dans un communiqué de la direction sur une enquête interne relative à cette affaire.

Ces indemnités s’élevaient à un peu moins de huit millions d’euros, auxquels s’ajoutaient un “paquet retraite” approchant les 20 millions, dit-on de même source.

Selon France Inter, les juges chargés du dossier ont décidé d’en saisir 2,475 millions.

La justice enquête sur les conditions dans lesquelles, avant son absorption par Holcim en 2015, Lafarge a maintenu en activité son usine de Jalabiya en 2013-2014 dans une région du nord de la Syrie sous contrôle du groupe Etat islamique (EI).

Elle s’intéresse notamment aux versements effectués par Lafarge, par le biais d’intermédiaires, à des organisations armées, notamment à l’Etat islamique, pour permettre le fonctionnement de l’usine, la circulation des salariés et des marchandises.

Elle examine également l’achat éventuel de matières premières à des intermédiaires proches de ces groupes.

Au total, les sommes concernées sont évaluées à près de 13 millions d’euros et le parquet de Paris a ouvert en juin 2017 une information judiciaire pour financement d’entreprise terroriste et mise en danger de la vie d’autrui.

“UN BON SIGNE”, SELON SHERPA

Outre Bruno Lafont, sept autres anciens dirigeants et cadres de Lafarge ont été mis en examen.

Mais les juges d’instruction ont commencé à faire un tri des responsabilités, estime-t-on de source proche du dossier.

Ils ont en effet décidé de saisir une partie des indemnités de deux anciens dirigeants de l’usine syrienne, Bruno Pescheux et Frédéric Jolibois, et de l’ancien directeur général adjoint opérations Christian Herrault.

Au total, les saisies opérées sur les indemnités de Bruno Lafont et ces quatre anciens responsables s’élèveraient à 3,7 millions d’euros, selon France Inter.

En revanche, les juges ont épargné les quatre autres mis en examen, dont Eric Olsen, qui fut le premier PDG de LafargeHolcim avant d’être évincé.

L’ONG Sherpa, dont la plainte, au nom de 14 anciens salariés syriens de l’usine, est à l’origine de la procédure, s’est réjouie de ce qui constitue selon elle “un bon signe de l’avancée de l’instruction”.

“Les victimes que nous défendons vont enfin pouvoir être rassurées sur le fait de pouvoir obtenir une indemnisation à la fin de cette procédure. Nous espérons que la mise en examen des personnes physiques pourra s’étendre à la complicité de crime contre l’humanité”, a déclaré une de ses responsables à Reuters.

L’entreprise Lafarge SA a déjà été mise en examen fin juin en tant que personne morale pour financement d’une entreprise terroriste et complicité de crimes contre l’humanité, violation d’un embargo et mise en danger de la vie d’autrui.

 

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